Au Moyen Âge...
L'occupation
romaine (traces d'un vicus belgo-romain à Ombret)
précède l'établissement des
Mérovingiens sur la colline du Thier d'Olne,
isolée au côté sud-est par une petite
vallée et qui domine la Meuse à
proximité du gué et du pont romain qui faisait
partie de la voie romaine Tongres-Arlon.
Cet endroit constitue une position idéale pour
l'exploitation de la plaine alluviale en aval, la récolte
des produits de la forêt bordant le plateau condruzien et le
contrôle de la navigation sur la Meuse avec
possibilité d'en percevoir une taxe dite « tonlieu
».
|
Les
fouilles ont permis de déterminer que le Thier d'Olne a
été ensuite occupé par les
Carolingiens et qu'un
important complexe aristocratique y fut construit.
Étant
donné l'exceptionnel intérêt de ce
site, la colline
toute entière a été classée
par la
Région wallonne. Lire notre page dédiée
au Thier d'Olne.
Ci-contre : Vue d'une zone de fouilles
en 2003 – coll. BMG |
Ce centre domanial
dut être abandonné - sans
traces de destruction violente - aux environs de l'an mil au profit
d'un autre lieu élevé, le rocher d'Engihoul
(à Clermont-sous-Huy),
sans doute plus propice à la construction d'un
bâtiment fortifié, qui permet aussi le
contrôle de
la Meuse et où l'existence d’un castrum est
attesté
en 1062.
Le centre paroissial,
lui, fut installé à l'emplacement actuel de
l'église Saint-Martin de Hermalle-sous-Huy et
l'église de Hermalle avec ses dépendances :
- l'église
de
Villers-en-Condroz, actuellement Villers-le-Temple,
- la
chapelle de
Neuville-en-Condroz, actuelle église Sainte-Marie,
- la
chapelle de
Chantemerle à Halledet-sous-Clermont,
- la
chapelle de
Sainte-Barbe-sous-Clermont, devenue l'église Sainte-Barbe
aux Houx [Jansen],
de
même
que la chapelle de Clermont, furent données par Conon de
Clermont, comte de Montaigu et de Duras, à l'abbaye de
Flône à la condition de
célébrer tous les
jours une messe en l'honneur de la vierge ; le chapitre Saint-Paul, de
Liège, cèda au monastère de Flone ses
droits sur
l'église de Hermalle cinq ans plus tard. C'était
sous le
règne de l'empereur germanique
Frédéric
Barberousse et du
prince-évêque Rudolf von Zähringen. [Wauters]
Dans l'église trônait peut-être
La Madonne de Hermalle-sous-Huy :
Sedes sapientiae de
Hermalle-sous-Huy
actuellement aux Musées royaux d'Art et d'Histoire du
Cinquantenaire à Bruxelles.
Cette statue austère de 58 cm de haut,
caractéristique de la production mosane de la
deuxième moitié du XI e
siècle
(vers 1070) est en aulne polychromé et doré, le
bois
ayant été « recouvert
d’une enveloppe de
toile enduite d’une couche de plâtre, peinte
à
l’encaustique et relevée d’Or
» (voir le
catalogue de 1878 du Musée royal
d’Antiquités,
d’armures et d’artillerie de Bruxelles, p.10).
La
Vierge et l'Enfant ont été sculptés
dans des
pièces de bois séparées. La partie
arrière
du trône et les mains constituaient des pièces
rapportées.
Depuis le XI e
siècle,
la statue a reçu huit polychromies.
À l'origine le vêtement était
probablement
jaune et le voile blanc, le manteau de l'Enfant bleu parsemé
de
petits cercles rouges, sa robe jaune avec motifs rouges, les cheveux
noirs.
La statue a été traitée en 1951-1952
(paraffinage et dégagement des couches ajoutées
après le XIII e
siècle hormis pour le visage de la Vierge
où l'on est revenu à l'état original),
puis en 1972
avant le prêt de l'oeuvre pour l'exposition Rhin-Meuse.
La vierge de Hermalle, de proportion
élancée,
ébauche un sourire.
Les Sedes sapientiae –
Trône de la Sagesse, en latin – sont des
vierges à l'enfant de style hiératique, le Christ
étant représenté petit mais adulte,
bénissant d’une main et tenant un livre de
l’autre, incarnant la sagesse éternelle alors que
la
Vierge constitue
son trône.
Celle de Hermalle-sous-Huy est l'une des plus anciennes
conservées en Belgique.
Le
Musée
royal d’Antiquités, d’armures et
d’artillerie
(devenu les
Musées d'Art
et d'Histoire du Cinquantenaire) l'a acquise en 1861 au collectionneur
et homme
politique belge Gustave Hagemans ; le catalogue de 1878 indique
qu’elle a été
« Trouvée au château d'Hermalle, près de Huy
», ce qui a justifié son nom : la Madonne de Hermalle.
Les Sedes provoquent sur les fidèles d’alors un
effet sans
commune mesure avec celui qu'elles provoquent aujourd'hui. Donnant
l'illusion de la présence du personnage
représenté, elles fascinent
littéralement les
croyants – et d'autant plus lorsque certaines constituent des
reliquaires.
Pour comprendre cela, il faut se rappeler l'importance et l'influence
de la religion
« Tu
ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble
à
ce qui est dans les cieux, là-haut, ou sur la terre,
ici-bas, ou
dans les eaux au-dessous de la terre »
Exode
20,4
qui limite la production de statues et le fait que la statuaire ne fait pas partie des arts des peuples
migrants comme les Germains qui privilégient un art
« utilitaire » ciblant les armes, les
outils, les
bijoux.
Les populations de nos régions n'ont donc pas d'exemples de statues sous les yeux.
Ce n'est qu'au VIII e siècle que la
sculpture va
revenir sous forme de bas-reliefs méplats sur couvercles de
sarcophages (comme celui de Chrodoara, à Amay).
Au X e
siècle, à
époque dite pré-romane ou
« ottonienne », la sculpture en
ronde-bosse
réapparait avec les Sedes
Sapientiae et les Christ en croix qui constituent des
statues en trois dimensions détachées de tout
fond.
|
Hermalle-sous-Huy fut probablement l'un des
sièges du tribunal malbergique (« tribunal des
rois francs, assemblée
de sages de deux regions
contigües, qui devait régler les conflits de
territoire et les « viols
de marches » selon le droit oral traditionnel francique
» – voir Jean-Jacques Jespers).
Hermalle-sous-Huy fut à coup sûr le
siège de l'une
des plus anciennes
seigneuries de la vallée de la Meuse, qui avait
sa cour
féodale propre mais relevait de la cour
féodale de
Liège ; l'histoire du bourg se confond donc
avec celle de son château et de ses seigneurs…
Quant
au château :
Au XIIe
siècle, Hermalle-sous-Huy
voit le remplacement du donjon seigneurial en bois par un
bâtiment en pierre entouré de fossés,
de murs d'enceinte et de tours, dont deux subsistent toujours au centre
du village. Il est probable que le donjon lui-même devait
ressembler aux tours romanes de la région qui ont
résisté au temps - comme celles d'Amay
ou de
Nandrin - un bâtiment de section carrée,
à
plusieurs étages, auxquels on accède par un
escalier
étroit situé dans un des épais murs de
façade.
Quant
aux seigneurs, ils furent, selon le
Miroir des Nobles de Hesbaye de Jacques
de Hemricourt :
Michel
d'Awirs, seigneur de Hermalle, Awir, Chaumont, Engy +
épouse inconnue => Hughes d'Awirs
Hugues
d'Awirs dit le riche meunier + la soeur du comte de
Hozémont => Agnès d'Awirs
Agnès
d'Awirs (†1057) + Libert
"Suréal" de Warfusée (2e
fils de Otto de Warfusée dit Libert le sauret car maigre
comme
un hareng saur), homme d'église au départ)
=> Alix de Warfusée
Alix de
Warfusée +
Raës à la barbe de Dammartin en Gaule
(frère du
comte de Dammartin en Gaule, mais disgrâcié par le
roi de
France Philippe et venu s'installer à Huy)
=> Libert
Suréal II de Warfusée
Libert
Suréal II de Warfusée (ca 1116-ca
1165) + épouse non citée => Otto
de Warfusée
Otto de
Warfusée + Azéka de Momalle
=> Thomas de Dammartin de Warfusée dit de Hermalle,
Thomas de
Dammartin de Warfusée dit de Hermalle, seigneur
de Hermalle + Rusula (†1264) => Henri de
Warfusée de Dammartin, dit Henri de Hermalle premier du nom
Henri de
Warfusée de Dammartin, dit Henri de Hermalle
premier du nom + Agnès => Louis de
Warfusée de Dammartin dit de Hermalle
Louis de
Warfusée de Dammartin dit de Hermalle +
Oda de Ville => Henri de Warfusée de
Dammartin, dit Henri de Hermalle second
du nom
Nos recherches sur Michel d'Awirs sont restées vaines
jusqu'à ce jour (septembre 2012).
Divers auteurs ayant d'autre part contesté l'exactitude des
écrits de Jacques de Hemricourt, qui se plait à
faire
frémir d'émotion ses lecteurs par l'histoire
émouvante d'Alix et de Raës, nous
préférons
suivre une ligne généalogique plus
crédible,
basée sur l'analyse de chartes anciennes et qui tient compte
du
fait qu'un château de Clermont a bel et bien
existé sur le
rocher d'Engihoul. Car d'une part, il fut bien bâti
par
quelqu'un… et d'autre part il existe de nombreuses mentions
des
comtes de Clermont qui possédaient des biens à
Clermont-sous-Huy, Hermalle-sous-Huy, à Seraing,
etc. Nous soulignons ici, en vert,
les mentions qui intéressent notre région.
Descendance
de Charlemagne selon la Chronique de Nuremberg, 1493 - Crédit Schedel1
Le premier d'entre eux fut
Widrich
I Comte de Clermont (-circa1062),
petit-fils de Wigéric (Wigericus ou Widricus) de Bigdau et
fils
de Giselbert, donc probable descendant de Charlemagne à la 8e
génération (Vannerus) ;
il épouse (probablement) Hersende =>
- Widrich II
- Ermengarde/Ermentrude
(-† après 1091)
- Mathilde
De deux de ces
enfants descendent divers comtes de Clermont
(portant parfois le
même prénom…) qui ont joué
un rôle
dans notre région :
Widrich II comte de
Clermont (-† après 1062) +
[inconnue] => Giselbert et Hermann
Giselbert comte de Clermont (1083-† après
1091), avoué
de Nandrin (voir Carré
dans la bibliographie). Il
donne avec son frère la moitié de l'église de Saint-Symphorien
(actuel
Patrimoine majeur de Wallonie connu sous l'appellation
« église de
Saint-Séverin-en-Condroz
») à l'ordre de Cluny
en 1091
se réservant le droit d'avouerie pour lui et ses successeurs
;
il épouse Longarde => une fille qui va
épouser con
cousin issu de germain Lambert, comte de Montaigu et de Clermont.
Après la mort de Giselbert, vers 1095, la garnison qui
occupe le château
de Clermont
rapine tant les bateliers que la région, ce qui pousse le
prince-évêque de Liège a
assiéger le
château mais en vain ; le prince finira par l'acheter
à un
prix élevé ( multo
precio) au beau-fils de Giselbert qui a besoin d'argent
pour financer son départ à la croisade.
Ermengarde ou Ermentrude de
Clermont (-† après 1091) complète
le don de l'église de Saint-Symphorien ;
elle se marie
deux fois :
1/ avec Gozelon comte de Montaigu (le château de Montaigu
était à côté de l'actuel
ermitage St-Thibaut
à Marcourt, sur la rive gauche de l'Ourthe au nord-est de La
Roche-en-Ardenne) => Conon de Montaigu et 4
autres fils
Conon
ou Kuno comte de Montaigu (?-1.5.1106)
part lors de la première croisade, est
envoyé par
Godefroid de Bouillon pour la 1ère
rencontre avec l'empereur
après l'arrivée des croisés
à
Constantinople en 1096, prend part au siège de
Nicée. Il est
témoin à la signature de la charte par laquelle,
en
1091, l'évêque de Liège Henri de Verdun
approuve la
fondation de Flône. Il est
nommé avoué
de Nandrin après son cousin Giselbert de
Clermont ; il a épousé Ida de
Fouron, puis Ida de Boulogne
=> 4 enfants :
- Gozelo II de
Montaigu accompagne son père à la
croisade, est au
siège de Nicée, accompagne Robert comte de
Flandre
pour attaquer Artasia (Artah), y tombe
malade et y est enterré
- Henri de
Montaigu
- Thibaut de
Montaigu
- Lambert comte de Montaigu et de Clermont
Lambert
comte de Montaigu et de Clermont (?-†
1140 ou après) a vendu le château de
Clermont à Otbert, ce qui lui permet d'accompagne
son
père à la croisade ; est capturé
à Acre en
1098, prend part au siège de Nicée et commande un
des
corps d'hommes à Antioche. En
1136 par une charte de l'évêque de
Liège, il
octroie aux moines de Flône le droit de prendre du bois
autour de
son château ; un des témoins signataires est Herimannus de Harmala (Harmala = Hermalle).
Lambert épouse Gertrud de Louvain (ou
[prénom inconnu] de Clermont, fille de Giselbert comte de
Clermont) => Conon, Godefroi, Gertrude de Montaigu
- Conon
de Montaigu (-† après 1140) Dans
une charte de 1140, l'évêque de Liège
confirmant
les possessions de l'abbaye de Flône, inclut une
référence à la donation faite par
Lambert le
père de Conon (et que Conon confirme) ET par Gislebert
d'Esch -
ce que confirme aussi Renard, le fils de ce dernier. La forêt
de
Clermont-sous-Huy appartient donc (au moins) aux deux
familles.
- Godefroi
comte de Montaigu et de Clermont, comte de Duras (-1161)
confirme
en
1157 avec l'accord de Renardus de Harmala (le cousin utérien
de Lambert, voir Renard de
Hermalle ci-dessous) la
donation de bois aux moines de Flône par son père.
Une seconde charte de la même année met
les deux
hommes sur pied d'égalité quant au don :
« Godefridus
comes de Durays ET Renardus de Harmala ».
Godefroi a 5 enfants de son épouse Julienne, fille d'Othon
II comte de Duras :
- Pierre
de Montaigu, chanoine de Saint-Lambert à
Liège (-† 1185 ou après)
- Cono
de Montaigu et Duras (« petit de taille, mais encore plus
petit
d'esprit et de science selon le chroniqueur Gislebert de Mons
»)
donne, en 1182, à l'abbaye de
Flône l'église
Saint-Martin de Hermalle et ses
dépendances ainsi que la chapelle Saint-Nicolas
dans son château de Clermont à condition de
célébrer
chaque jour une messe en l'honneur de la Vierge, avec pour
témoins ses frères Gilles et Pierre, et l'homme
libre Henricus de Harmala.
En 1187, il renonce à la dime qu'il
perçoit sur les
propriétés de Flône à
Hottine avec, à
nouveau pour témoin, Henri de Hermalle.
En
1189, il part pour la croisade avec l'empereur d'Allemagne
Frédéric Barberousse,
l'évêque de
Liège Raoul de Zähtingen et une armée de
cent mille
hommes. On n'entend plus parler ensuite et son
frère
Gilles devient le comte de Clermont.
- Gilles
de Montaigu, Duras et Clermont (-lépreux, † avant
1193)
- Gerberge de Montaigu
- Clarissa de Montaigu
2/ avec
Fredelon (-27 aout 1083/85) comte d'Esch-sur-Sûre
=> Giselbert
Giselbert
comte d'Esch (-† après 18 mars 1131)
En 1131, L'évêque de Liège
déclare en
1131 que Giselbert donne l'usage des bois de Clermont à
l'abbaye
de Flône et que celle-ci paiera un cens à Hermalle
(apud
Harmalm) ;
un des témoins signataires, dont il est
précisé qu'ils sont de l'alleu
et de la famille du comte, est Fredericus
de Harmala.
Giselbert épouse Aelide => Renard
Renard
(Reinard) de Hermalle (ou
de Clermont) (-† après 1157),
Renier, Renardus
de Harmala dans les chartes en latin, ou Reynard porte-étendard
de la milice de Liège d'où viendrait le titre de
banneret
attribué aux seigneurs de Hermalle, confirme
comme Conon de Montaigu la donation de bois aux moines de
Flône. Une
charte du prince-évêque de Liège
datée de
1157 établit que Godefroi comte de Duras ET Renard de
Hermalle
donnent leur forêt de Clermont à l'abbaye de
Flône.
Il épouse Lietgarde => Henri de Hermalle,
nommément
cité avec son épouse dans une charte de 1146 : Heinricus filius domini Reinardi
et uxor ipsius Lietgardis, filia quoque Roberti Richiza. À
cette époque, deux hommes sont
écoutêtes à
Hermalle : Robert et Thierry dont le fils, soldat, est aussi
ministerialis (administrateur domanial) tandis le mayeur est un certain
Nithard [Maquet].
Henri
Ier de Hermalle
( Henricus
de
Harmala) (-† après 1187) +
Luitgarde
=> Ruscela
Ruscela
de Hermalle(-†
24.1.1264, enterrée à
Flône) + Thomas de
Warfusée dit de Hermalle =>
- Henri
II de Hermalle, souvent nommé Henri Ier
- Renier
seigneur de la Neuville
- Sibille de Hermalle qui épouse
Guillaume d'Esneux.
Henri
II de Hermalle(1242-1275),
l'une des 14 personnes qui
signent la Paix de Huy en 1271 et qui (en tant que suzerain) conseille
à Agnès de Berloz en 1262 de donner
l'église de
Flône ses biens de Hottine, terres arables, bois et
prés,
dîmes et cens, demeur et ferme. Ces biens
s'ajoutant
à des terres déjà offertes en 1102 par
une dame
Elimodis et son fils Jean, les abbés de Flône
possèdent alors tout le hameau de Hottine [Jansen].
+ Agnès =>
- Louis de
Hermalle
- Thomas de Hermalle (parfois dit de
Warfusée)
- Lambert dit de Chantemerle,
- Fastré de
Hermalle (parfois dit de Warfusée)
- une fille qui
se marie à Huy avec Jean du Falcon/Fakon/Fanson
Louis
de Hermalle (-† 1288) , Chevalier
Banneret, Seigneur de Hermalle, qui va s'engager, comme les seigneurs
de Beaufort, Clermont, Warfusée, Haneffe et Seraing [Xhayet],
dans un pacte d'alliance des villes de Liège, Huy,
Dinant et Saint-Trond contre le prince-évêque
Henri de
Gueldre, pacte signé le 3 février 1271 pour une
durée de six ans
+ Oda de Ville en Hesbaye
(+/-1242-1270) =>
- Henri
III de Hermalle
- 1 fille qui se marie avec Jean de
Chantraine lez Warnant
- 1 fille qui se marie avec le
chevalier Jean le Polain de Waroux
Louis et Oda furent enterrés dans
l'église de
l'Abbaye de Flône.
Ce dernier Henri, très connu pour ses exploits dans
la
Guerre des
Awans et
des Waroux, conflit qui a dévasté la
contrée
pendant 38 ans, serait donc le troisième du nom. [8]
Henri
III de Hermalle :
En
1296 ou 1297,
dans un contexte militaire et diplomatique difficile entre le pape, les
rois de France et d’Angleterre et le comte de Flandre, et
dans un
contexte d’opposition entre le peuple et les
prince-évêques de Liège, une histoire
de femme
aiguise la rivalité entre deux seigneurs : Humbert Corbeau,
seigneur d'Awans et Guillaume de Waroux, les
deux plus puissants seigneurs de Hesbaye, par ailleurs cousins au 6 e
ou
7 e degré.
Là débute une guerre qui va ravager la
Hesbaye pendant 38 ans et faire plus de 30 000 morts avant de se
terminer par La Paix
des 12.
Deux partis s’opposent : les Awans et les Waroux qui se
livrent
à tour de rôle à l’attaque
des biens de leurs
adversaires : des moulins et brasseries sont détruits, les
champs
sont ravagés, des châteaux sont
attaqués –
parfois en vain, parfois avec succès - et parfois
incendiés, ce qui constitue un délit
grave à
l'époque.
Chaque parti rameute sa famille et ses amis et le code
d’honneur
fait que même si quelqu’un n’est pas
impliqué
directement dans le conflit, il est obligé de s’y
engager.
Henri
III de Hermalle,
né vers 1265, nommé chevalier banneret en 1282,
est devenu seigneur de Hermalle à la mort de son
père en
1288 - soit près de dix ans avant le début de
cette guerre. Il
parvient, semble-t-il, à rester à
l'écart du conflit jusqu'en
1310. Mais cette année-là...
Le 25 aout 1310 (ou 1312 selon les chroniqueurs), Henri est au tournoi
de Saint-Trond où il a accompagné Thierry de
Seraing ; il
échange quelques âpres propos
avec Guillaume de
Jeneffe, seigneur de Waremme, du parti des Awans [Bouille].
Lors de son retour vers Hermalle, Henri tombe dans une embuscade
organisée à Mielen par Guillaume et ses
gens. Un parent d'Henri (Jean de Fanson) est
tué, ses serviteurs s'enfuient, Henri couvert de blessures
est
laissé pour mort.
Jacques de Hemricourt, qui le décrit comme «
de petite taille, mais courageux outre mesure (…) de grand
sens et subtilité », raconte qu'il
fut
«
si maltraité et si blessé en tant d'endroits
qu'ils le
laissèrent pour mort, ne donnant plus signe de vie. Ils le
tournèrent et retournèrent deux ou trois fois
afin
d'être bien certains de sa mort. Puis ils
montèrent
à cheval et le laissèrent gisant dans le sang et
s'en
allèrent. Mais Arnould de Gehaing qui haïssait plus
mortellement que nul autre le sire de Hermalle et qui se doutait qu'il
n'était pas mort, revint sur ses pas, descendit de cheval,
et le
trouva dans le même état où il l'avait
laissé, mais par dépit et rage, il tira son
épée et lui levant le pan de son habit, lui
enfonça son épée dans le haut du
ventre en
s'écriant :
« Sire de Hermalle, tu t'étais
vanté que je
mourrai de ta main, mais ton orgueil est abattu et tu n'as pas tenu
parole, car tu es mort de la mienne. »
Il remonta à cheval et vint rejoindre les autres et leur
conta
ce qu'il avait fait ; ce dont plusieurs furent
mécontents…
Or vous devez savoir que, de ce dernier fait, le sire de Hermalle ne
fut pas grandement blessé, car par hasard (fortune
singulière) l'épée avait
glissé entre le
ventre et le pourpoint, de sorte que la chair avait
été
peu endommagée, mais Messire Arnould ayant retiré
son
épée toute ensanglantée,
c'était du sang de
ses autres plaies, car tout son corps était couvert de sang.
»
Contre toute attente, Henri guérit de ses nombreuses
blessures et
n'a plus qu'un désir, celui de se venger de son ennemi qui
est
du parti des Awans.
« C'étoit
un homme de grand jugement, riche, & remuant, qui brouilla
tellement les affaires par ses intrigues & par son adresse,
qu'il
retira pour lui hors du service de ceux d'Awans, tous ceux de Haneffe
& de Warfusée, qui étoient les plus
braves Capitaines
de ce parti ; ce qu'il fit à dessein de nuire au
Châtelain » ajoute Hemricourt.
il s'engage donc dans le parti des Waroux (auquel il est lié
par
son beau-frère Jean le Polain de Waroux) dont il
va
devenir le
chef.
La plainte qu'il dépose auprès du mambour
(qui
était du parti des Awans) n'aboutissant pas, les Waroux
décident de faire justice eux-mêmes.
De là découle par exemple le combat de Waremme,
le 8 juin 1313,
mené par Henri III et après lequel, selon
certains, le château
waremmien est pillé par les Waroux. Henri a réuni
500
cavaliers et entre 500 et 1000 fantassins alors que Guillaume ne
dispose que de 300 cavaliers pour protéger son
château,
construit dans la seconde moitié du XIII e
siècle, sur une motte renforcée de palissades et
entourée de fossés. Pour contrer l'avantage
numérique d'Henri, Guillaume fait disposer dans le village
ses
cavaliers, démontés, en hérisson,
protégés par le mur de leurs lances, ce qui est
caractéristique de l'art militaire liégeois. [Masson1]
Henri fait passer quelques uns de ses hommes par des cours et
des
jardins pour encercler l'ennemi qui tente de se réfugier
dans le
château et dans l'église. Le combat se
déroule dans
les rues du village et une vingtaine de
« Waremmiens » sont
tués sans qu'on ne
mentionne de pertes pour Henri.
Un nouvel évêque est nommé à
Liège :
Adolphe de la Marck, qui se montre bienveillant pour le parti
composé des métiers liégeois, du
chapitre
cathédral… et des Awans. Les Waroux
n'apprécient
pas ! En 1314 se déroule donc la bataille d'Hansinelle (en
province de
Namur) où les forces de l'évêque ne
peuvent
l'emporter ; cela se conclut par une trève, dit Paix de Hansinelle.
La contre-offensive des Waroux se fait politique : il faut obtenir
l'appui de l'évêque. Ils lui offrent 40 jours de
service
militaire gratuit et Henri III obtient l'office de
maréchal de l'évêché de
Liège contre
un « prêt » à Adolphe de
la
Marck.
Être
maréchal signifiait à l'époque avoir
le commandement suprême de l'armée en
guerre ou en
campagne
mais les prérogatives militaires du chef de
l'armée
s'étendaient aussi à certains domaines civils [Poncelet].
C'est
ainsi qu'en 1314, Henri pénètre de force dans
l'avouerie
de Kanne suite à un meurtre perpétré
dans le
village [Carré1]
et qu'en 1315 il ordonne la
décapitation sur un échafaud (selon [Bouille])
ou l'exécute lui-même (selon [Masson2])
de Eustache, Franc
homme de
Hognoul qui était accusé d'avoir
enlevé les chevaux, les chars et les joyaux de la Dame de
Warfusée.
Cette exécution ravive la
colère des Awans qui parcourent le pays
« en
brigands » - selon les termes mêmes de
Louis
Dieudonné Joseph Dewez.
Henri intervient aussi, sur ordre de l'évêque,
pour mettre
en arrêt les biens du seigneur de Pesche dont
l'épouse a
été chassée par son mari pour
être d'une
famille alliée aux Waroux et qui se voit refuser l'argent
nécessaire à son entretien [Bouille].
Les Awans sont à nouveau en rage.
Un soulèvement
général étant à craindre,
l'évêque quitte Liège, et les
Liégeois
alliés aux Hutois chassent partout les Waroux, incendient
des
églises et assiègent le château de
Hermalle dont les occupants capitulent
après que les mineurs liégeois aient
asséché et comblé les douves [Gaier,
1995].
Il ne leur reste alors qu'à creuser des galeries aboutissant
sous le mur d'enceinte, de les étayer et de bouter
le feu
aux bois, provoquant l'effondrement du rempart.
Selon Mélart, le château est ruiné
« de fond en comble » [Gorrissen] .
Cela se passait en 1315.
Son château détruit, Henri devient Gouverneur du château de Logne, dans
la Principauté de Stavelot, avec le consentement d'Henri de
Boulant, Abbé de Stavelot [Hemricourt].
Tous
sont épuisés. La pluie n'a
cessé
de tomber de la mi-mai à la fin d'aout 1315, provoquant
l'inflation des prix des denrées alimentaires et une disette
telle que les pauvres gens ne
peuvent manger que mauvaises herbes et bêtes mortes - la
famine
dure jusqu'au mois d'aout 1316 et touche d'ailleurs toute l'Europe. Une
épidémie de peste [Kurth]
s'ajoute aux malheurs de la guerre.
On conclut donc le 18 juin 1316 la Paix de Fexhe,
où Henri III figure parmi les représentants des
seigneurs
comme Gentilhomme de l'État Noble du pays de
Liège &
Comté de Looz [Hemricourt].
Cette paix, dont le vrai objet est la correction des malfaiteurs,
constitue la base du droit public liégeois. Sans abroger
réellement la loi
d'escondit - qui permettait à un noble
d'échapper à toute sanction simplement en jurant
son
innocence sur les évangiles alors même que le
crime qu'il
avait commis aurait été accompli sous
les yeux d'un
magistrat -, elle lui fait perdre tout pouvoir.
Cette paix n'empêche cependant pas les attaques de reprendre.
Un
exemple en est l'attaque, en 1323, menée par Arnoul de
Jehay,
contre la maison d'un partisant des Waroux à
Fize-le-Marsal ; l'homme doit se réfugier dans un local
souterrain dont Arnoul fait boucher les entrées d'air par de
la
terre, provoquant la mort par asphyxie du malheureux.
Des quarantaines ayant expiré le 23 aout 1325, les Waroux
défient le châtelain de Waremme en
annonçant
l’attaque de Jeneffe pour le mercredi suivant et de chaque
côté on rassemble ses alliés.
Henri désire un allié supplémentaire :
il
a donc
invité Lambert de Harduemont, seigneur de Haultepenne et,
celui-ci une fois rendu à Hermalle [Hemricourt],
l'empêche littéralement d'en repartir en
faisant venir des membres de sa famille et en les faisant festoyer.
« Le
sire de Hermalle les fêta et les régala de bon
vin, et de
bonnes viandes, avec recherche et largesse, comme il savait le faire,
trois jours entiers. »
Lambert accepte de devenir un nouvel allié d'Henri, mais
veut rentrer chez lui prendre ses armes.
«
Le sire de Hermalle fut alors dans une grande angoisse, car il
craignait qu'aussitôt que le dit Messire Lambert serait
retourné dans son castel de Haultepenne, ses
frères et
amis ne le détourneraient de cette guerre.
Il insista donc pour le faire rester avec lui jusqu'à la
dite
journée qui arrivait dans cinq jours, lui disant qu'il
pourrait
faire venir ses armes et son cheval de bataille à
Hermalle. Messire Lambert finit par céder
à ses
prières et se rendit avec lui à la bataille de
Dammartin (…)
»
Le 25 août 1325, quelques 350 chevaliers du
côté Waroux, menés par Henri III,
s'affrontent dans la plaine de Dommartin (près de Huy)
contre 270 chevaliers du côté Awans. Les
Awans l'emportent.
Henri y perd la vie sous les coups
meurtriers de Arnoul de Jehay. Lambert y meurt
également…
|
Henri
fut enterré « à Hermalle lez
Floene »
selon Hemricourt, en fait dans dans l'église de
l'Abbaye de
Flône,
près
de son épouse Julienne de Haneffe. La pierre portait
l'inscription :
« Chy gist
noble sgr messire Henri de Hermalle qui trespassat
l'an MCCC XXV, XXV jors elle moys daoust. Chy gist demoiselle Jehenne
fille le Persant de Haneffe, sa feme, ki trespassat l'an MCCC XVIIII.
Chi gist Ailid leur filhe ki fu feme a monsignor Arnulf haut voet de
Hesbaing, signor de Lumain, ki trespassat l'an MCCCLVI.
»
La bataille de Dommartin fut une sorte d'« ordalie,
un
jugement de Dieu, à l'échelle de la Hesbaye comme
le fut,
plus d'un siècle auparavant, à
l'échelle de la
France, la bataille de Bouvines » [Masson3].
Ce fut le dernier combat d'importance de cette
guerre des Awans et des Waroux ; des escarmouches
et des attaques se produisirent encore mais limitées en
nombre
d'hommes, de blessés et de
décès.
Le
liégeois Jacques de Hemricourt, né en 1333 et
dont la
parentèle avait participé au combat, l'a
célébrée comme un épisode
épique de
l'histoire du pays de Liège, comme le témoin
d'une
chevalerie de grand style. Les gens en ont narré,
répété, scandé le
déroulement des
années durant.
Cinq siècles plus tard, deux hommes publient un Choix de chansons et
poésies wallonnes
du Pays de Liège, dont les pièces les plus
récentes sont antérieures à 1830 [Bailleux].
Leur
désir est « de sauver
de l'oubli quelques fragments d'un
idiôme qui s'éteint peu à peu
(…) L'usage du
Wallon est de plus en plus abandonné ; son existence
même
est menacée » écrivent-ils
dans la préface.
Ce recueil de François Bailleux (avocat, écrivain
et
cheville ouvrière de la Société
liégeoise
de littérature wallonne) et Joseph Dejardin (linguiste)
lance le
premier grand renouveau des lettres dialectales.
Il s'y trouve un
poème dont l'auteur et la date ne sont pas cités
mais qui
constitue une souvenance du combat dont nous parlons :
Li
bataïe di Dommartin 1
Oh
! vinez cial’, vinez’ houter
Ciss’
rud’ bataïe qui s’a passé
Ad’lez
les rog’mâïe, â Frainai 2
Int’
Waroûsis et z-Awantais.
Po
v’dire à jusse ous’ qui
c’esteût,
J’el
pou, ca c’esteut so m’ hâteû :
C’est
so Nayô, â champ à l’ creux.
Fât
ess’ bin loign’, fât nnès
conv’ni,
Qwand
ès l’ plèc’ qu’on
s’ divreût d’vêrti,
D’
s’aller moudri l’onk l’aut’ po
n’ feumme
Qui
v’s a mutoi mettou des coines.
Mais
vo-m-là sôrti di m’ sujet
A
riss’ di m’ fer côper l’ hufflet
Di
vî baron Michî d’ Bierset.
L’joû
d’Saint biètmé trass’ cint
vingt-cinq 3
J’han
d’Waremm’ qui fourit wiaime,
Mais
cavaïr à tot’ provance,
Reud
so l’jerret, sins attimprance,
S’firit
ak’dûr’ Dâv’ li morai
4
Lamkiné
d’ fiér comme on tonnai.
Hemricourt
et Bert di Trognaie
El
sûvint à in’ coût’
hapaie.
Tot
d’on plein côp, v’là
qu’ accorint
Les
fis dè sér’
d’Heûr’ li Romain,
Les
Surlets d’ Lîge, André d’
Melin,
Les
Wonck, les Prout et les Desprez,5
Fontain’,
Fooz, Wihogne et Fastré,
Messir’
di Weys, Guiam’ du Rûsson,
Chavâ
d’ Viv’gnis, Bert di Clermont,
Li
mâhutin Anoul di J’hay,
Boutâr
si fré, 6
Wàthî d’ Borset,
Clermont
et l’vî Wàkîr
d’Awans 7
Deux
vîs aveûl’ tot halcottants.
J’ennès
dîreû bin jusqu’à
d’main ;
Gn’
aveût pus qui d’ paut’ di wassin,
Sins
compter l’ tropai d’ cren’quints
Qu’estint
po sout’ni l’ cavaï.
Les
Waroûsis s’estint ringîs
Après
avu brâvmint poûhi.
A
leu tièsse ou veyéf Hermalle ;
Adon
v’nint les sér’ di Moumâle,
Warfusaie,
Jàspar Vinâmont,
Les
Chant’mièle et Julémont,
Linâ
Dècerf, Chabot, Damré,
Wâroux,
Coireur,8
et les Desprez,
Et
jusqu’à màhaitî
Servâ 9
Qu’esteut
v’nou po k’chessî ses mâs.
A
moumint qu’on s’va flabôder,
Si
r’pah’ di songue et s’ahorer,
Gerâ
d’ Sougnez, Goffin d’ Fetene
Accorint
dè costé d’ Fontaine,
D’brislés
d’ broûlis et tot ros’lants
D’lez
nos cavaïs r’glattihants,
Breyant
: « rawârdez, n’ ferez nin !!
«
Li princ’ Marchâ v’s aconjuraie
«
D’ès r’aller comm’ tos bons
Chrustins
«
D’vin vos chestais ès vos coulaies. »
J’han
d’Waremm’, sins pus les loukî,
I
r’toun’ tot hossant les s’pales,
Et
s’ dâr’ divin les Wârousis,
Qwèrant
po tos costés Hermalle.
Ses
oûïes blawtint comm’
l’aloumîre,
Ses
côps petint comm’ li tonnîre,
I
l’aparçut et vôr’ sor lu.
Hermall’
dè côp si rècrèstaie ;
Mais
si ch’vâ qui n’ès
poléf pus
Tomm’
moirt â mitan dès l’ trûlaie.
Li
pauv’ hermall’ tot crèvinté
Si
r’sèche à moiteie sipaté ;
Anoul
di J’hay di s’crâw’ di
fiér
El
ribouh’ jus et l’ tow’ reud moirt.
Chant’mièle
a hâs’ dè l’ rivingî,
Afonç’
dissus et sins lignî
D’on
còp l’ajerçaie et l’
sitâre
Ad’lez
s’ canaïe di fré Boutâr.
On
s’ siplinla tot’ li journaie
Et
ç’fourit à preume à
l’ vespraie
Qui
les sér’ di Veye et d’ Berlooz
Ennès
r’allint po l’ voïe di Fooz.
Vis
dîr’ tot quî qui trèpassa
Sereut
trop long ; on l’s èterra
Cinq
joûs d’après dè l’
Saint-Biètmé ;
D’hans
por zel in’ pater et n’ ave.
|
Traduction : La bataille de Dommartin.
Oh, venez ici, venez écouter
Cette rude bataille qui s’est passée
Près des rog’mâïe a
à Frenay
Entre Warousiens et Awansois.
Pour vous dire exactement où c’était,
Je le peux, car c’était sur ma lisière :
C’est sur Nayo, au champ au calvaire.
Il faut être bien nigaud, il faut en convenir,
Au moment où on devrait se divertir,
D’aller s’entretuer pour une femmelette
Qui vous a peut-être fait cornette.
Mais voilà que je sors du sujet
Au risque de me faire couper le sifflet
Par le vieux baron Michel de Bierset.
Le jour de 1325, à la Saint-Biètmé
b
Jean de Waremme qui fut trompé,
Mais chevalier de toute bonne famille,
Au jarret musclé, dans sa frénésie c,
Se fit amener Dave le moreau,
Bardé de fer comme un tonneau d.
Hemricourt et Bert de Trognée e
Le suivirent sans plus tarder. f
Tout à coup voilà qu’accoururent en
soutien
Les fils du seigneur d’Heure-le-Romain
Les Surlet de Liège, André de Melin
Les Wonck, les Proest et les des Preit
Fontaine, Fooz, Wihogne et Fastré
Messire de Weys, Guillaume de Russon
Chauvaux de Vivegnis, Bert de Clermont
Le chamailleur g
Arnould de Jehay
Butoir son frère, Wathi de Borset,
Clermont h
et le vieux Wilkar d’Awans
Deux vieux aveugles tout brandillant i.
J’en dirais bien jusqu’à demain ;
Il y en avait plus que d’épis d'engrain j,
Sans compter la troupe d’arbalétriers
Qui était là pour soutenir les cavaliers.
Les Warousiens s’étaient rangés
Ayant avec vaillance des bourbes traversé k
À leur tête on voyait Hermalle ;
Puis venaient les seigneurs de Momalle,
Warfuzée, Jaspar Vinalmont
Les Chantemerle et Julémont
Léonard de Cerf, Chabot, Damré,
Waroux, Coirleaux l,
et les Deprez
Et jusqu’à Servais
l’estropié
Venu traquer son adversité.m
Au moment où on va à tour de bras
s’écharper,
Se repaitre de sang et s’égorger,
Gérard de Sougnez et Goffin de Fetène n
Accoururent du côté de Fontaine
Crottés de boue et tout roselants o
Près de nos cavaliers étincelants
Braillant « Attendez, vous ne ferez rien
« Le prince de La Marck vous supplie
De rentrer comme tous bons Chrétiens
Dans vos châteaux et vos familles. » p
Jean de Warem' ne scrute plus leur visage,
Se retourne, ses épaules brimballent, q
Et dans les Warousiens il s'engage
Cherchant de tous les côtés Hermalle.
Ses yeux étincelaient comme l’éclair,
Ses coups pétaient comme le tonnerre
Il l’aperçut et se rua dessus.
Hermalle du coup redresse son cimier ;
Mais son cheval qui n’en peut plus
Tombe mort au milieu de la mêlée.
Le pauvre Hermalle de fatigue tout crevé
Se dégage à moitié
écrasé ;
Arnoul de Jehay de son marteau r
Le rabat au sol et le mène raide au tombeau.s
Chantemerle a hâte de le venger,
Plonge dessus et sans viser
D’un coup l’ajuste et
l’écrabouille
À côté de son frère Butoir,
la fripouille.
On s’étrilla toute la journée
Et ça ne prit fin qu’à la
vesprée
Quand les seigneurs de Ville et de Berloz
S’en retournèrent par le chemin de Fooz.
Vous dire tous ceux qui trépassèrent
Serait trop long ; on les mit en terre
Cinq jours après la Saint-Biètmé
;
Disons pour eux un Pater
et un Avé.
|
La Paix des lignages a mis fin
à cette guerre en 1335
mais la situation politique de la région reste peu stable.
Les bourgeois des villes s'opposent sans cesse au
prince-évêque et parfois dans une
extrême
violence.
Les Hutois assiègent ainsi et rasent
le château de Clermont-sous-Huy qu'avait
particulièrement
aimé l'évêque Adolphe
de La Marck
et où il a agonisé – cet
édifice, situé
au sommet du rocher d'Engihoul et qui contrôlait la
navigation
sur la Meuse, avait déjà
été
assiégé à la demande des bateliers, en
1095,
par l'évêque Otbert et a fait partie de la mense
épiscopale jusqu'à sa destruction par les
habitants de Huy ; il n'a
jamais été recontruit.
Les Hutois brulent ensuite Chokier et sur leur
lancée, aidés des Liégeois et des
Dinantais,
attaquent et saccagent, en 1346, le château de Hermalle
«
en vengeance de ce que le pays avait été tant
infecté et ravagé de la garnison qui s'y
était
tenue » [Gorrissen].
Le domaine de Hermalle va passer à différentes
familles par successions et
mariages dont le premier est celui de la fille d'Henri III.
Au
XIVe
siècle :
Henri III de
Hermalle
+ Juliane de Haneffe (†1308) =>
- Alix
(ou Aélis ou Aleyde) de Hermalle
- (?) Henri de Hermalle
qui serait décédé à la
bataille de
Baswilre/Baesweiler au nord-est d'Aix-la-Chapelle) en 1371.
Alix de
Hermalle (ca 1295-1356) + Arnoul (dit de Wassemberg) de
Chaumont
et de Lummen, dit aussi Arnold II d'Oudenaerde, le
12.10.1318.
Leur mariage se déroule le 12 octobre 1318 au
château de Huy et fait l'objet d'un contrat
détaillé [Codex-tableaux]
:
- La
dot comporte 200 livrées de terre (la livrée est
une étendue de terre
susceptible de rapporter une livre de rente au propriétaire)
à
percevoir chaque années sur divers biens, dont 30 bonniers
(26,15 ha)
arables au lieu-dit Malaise
daleis Verme
(non identifié), 14 bonniers (12,20 ha) à Ombret
et 60
bonniers (52,30 ha) de bois situés le long de la Meuse
près d'Engis.
- Cette
dot peut être utilisée par le mari dès
les épousailles et lui
appartiendra jusqu'à la fin de sa vie si son
épouse Alix décède avant
lui sans avoir enfanté. Si cela se produit effectivement,
Arnoul jouira
de plus de 200 autres livrées de terre perçues
sur l'héritage qu'Henri
tient de son premier mariage mais le jeune homme ne pourra en
bénéficier qu'après la mort de son
beau-père.
- En échange, Arnoul
donne en douaire à Alix pour la durée de sa vie
toute l'avouerie de
Hesbaye, Aigremont et son château, Awirs,
Fexhe-le-Haut-Clocher,
Chaumont et son manoir et encore Ghistoul (actuel Gistoux).
S'ils n'avaient pas
d'enfant, le douaire sera restitué au plus proche
héritier d'Arnoul
mais en laissant à Alix, veuve, une rente de 800
livrées de terre
assignée sur ces biens.
- Si les époux décèdent sans
descendant(s),
l'ensemble de leur héritage revient au plus proche parent,
de
chaque côté.
[Carré2]
Arnoul, Haut
Voué de Hesbaye, s'adresse, en 1321, au
prince-évêque de Liège Adolphe de la
Marck, pour
faire préciser les droitures (priviléges) de la
Haute
Avouerie de Hesbaye ; l'acte alors rédigé est
signé par 62 personnes [Villenfagne] dont
Henri III de Hermalle.
Au
décès de ce dernier, Arnoul a
hérité du
titre de seigneur de
Hermalle qu'il porte pendant 21 ans puisqu'il
décède vers
1346 ; Alix, dame de Hermalle et
avoueresse de Hesbaye, est enterrée à Hermalle
quelque
dix ans plus
tard. Ils n'ont pas eu de descendant mâle mais six
filles
dont les cinq « puinées » sont
nommées
dans l'acte du 7 aout 1339 par lequel ils nomment des fondés
de
pouvoir pour partager après leur décès
leurs
domaines de Hermalle, Chaumont, etc. entre ces demoiselles. [Codex-tableaux]
- Jolantha/Yolande de Lummen/d'Oedaenaerde, par
qui l'Avouerie passe à son mari Louis de Looz-Agimont
- Juliane/Julienne
de Lummen/d'Oedaenaerde (et non Marguerite comme on le
voit parfois dans les arbres généalogiques ! [Codex-tableaux])
- Élisabeth de Lummen/d'Oedaenaerde
décédée jeune,
- Marie de Lummen/d'Oedaenaerde,
- Aleyde/Alix/Alice de Lummen/d'Oedaenaerde,
- Félicité
d'Oudenaerde
Juliane de
Lummen (ou d'Audenaerde)
+ 1/ Jean de Wavre en Brabant cité
dans un acte
de donation de rente féodale sur les dîmes de
Hermalle le
15 juillet 1356 comme « sire de Wavres et de
Hermalle » et qui fait
relief le 14.5.1357 =>
+ 2/ Guillaume dit ly Ardenois, sire de Spontin.
En 1373, la seigneurie de Hermalle consiste en château,
maison, villes, justices de Hermalle. En 1377, il est
précisé : Terre, seigneurie, cens, rentes, hommages,
terres, prés, eaux, bois, rentes…
Marie de Wavre
en Brabant + [av.1377 Codex-tableaux]
Engelbert d'Isle de la Canges dit de Haccourt, sire de Haversin, qui
fait relief le 30.6.1381 =>
- Jean(†1405),
- Agnès de Haccourt, dame d'Ossogne,
et
- Marie
de Haccourt
N.B. La dalle
funéraire d'Englebert
de Haccourt (†1415), de Marie de Wavre
(†1419) et de leur fils Jean
(†1405),
qui se
trouvait
dans l'église de Hermalle, a été
déplacée contre
le mur nord de la tour de l'église,
à droite au début du cimetière) lors
du renouvellement du
carrelage.
Notre illustration présente le décor et la
silhouette des trois personnes à gauche,
et la pierre, telle que dressée verticalement dans le
cimetière et
sur laquelle le Centre de créativité engissois
a recréé symboliquement les incrustations de
laiton qui l'ornaient à l'origine.
Le bandeau qui entoure la dalle porte comme texte :
chi giest mesire englebier de hacour chavelier jadis sir de harmale ki trepasat lan M CCCC et XV
chi gist dame marie de waveri son espeuse jadit dame de hermalle ki trepasat lan M CCCC et XIX
chi gist johans leus fies ki trepassat lan M CCCC et V le jour s lulze
Marie, au centre, est représentée portant une coiffe avec
guimpe, une cotte (visible aux poignets) et un manteau, un chapelet et
une aumônière.
Son mari Engelbert porte armure et manteau,
éperons, épée. Un chien est couché aux
pieds du père et du fils.
Les trois personnages sont surmontés chacun d'une main bénissante.
Au
XVe
siècle :
Marie de
Haccourt + Charles de la Rivière d'Aerschot
(†21.5.1461) qui fait relief le 16.2.1435
=>
- Englebert de la Rivière
(†1440),
- Raës/Rasse de la Rivière/de
Heers,
- Marie de la Rivière et
- Aleyde
ou Aelid de la Rivière.
Raes, dit seigneur de Lintre, propriétaire du
château de
Heers, devint devint un bourgmestre de Liège en 1463 ; fort
apprécié selon les uns, tyrannique selon les
autres, il
fut l'un des trois chefs de l'armée liégeoise
à la
bataille de Brusthem (à 4 km. de Saint-Trond), le 28 octobre
1467, contre Charles le Téméraire qui remporta le
combat
et, entre autres sanctions, brula le château de Heers et
confisqua les biens de Raës.
Celui-ci dut se réfugier chez
le roi de France Louis XI. Il revint à
Liège en mai
1477 et mourut en octobre de la même année. Sa
deuxième épouse et veuve, Pentecôte
d'Arkel, connue
pour son courage héroïque et pour s'être
mise
à la tête des Hutois aux côté
de son
époux, ne mourut qu'en 1509.
Le domaine de Hermalle se transmit par la fille Aleyde.
Ce
qui reste, en 2014, de la dalle funéraire de Marie de Haccourt
(† 29.1.1457) et
Charles de la Rivière dans
l'église de Hermalle.
Le
nom de
leur fils
Englebert (†1440), décédé
en revenant du Saint
Sépulcre et enterré à Rhodes, y est
gravé pour mémoire.
Seule Marie,
cependant, fut réellement enterrée
dans l'église ; son époux fut inhumé
au monastère de Saint-Jacques à
Liège [Borman]
L'épitaphe complète
gravée autour de la pierre était :
Nouble
homme
Damoisea Charle de la Rivière, Saingour de Heers, de
Hermalle,
& de Horpalle, qui trépassat l'an M.
CCCC…
Chy
gist Damoiselle Marie de Haccour son épouse qui
répassat l'an M.CCCC.XVII. mois de Janvier XXIX…
Autour de l'effigie du jeune homme :
Memoire de Messire Englebier de la Riviere Chevalier leur fis qui
trépassat en revenant de Saint Sepulchre ens le yelle de
Roode
& fut ensevelis en l'Englise de St. Antoine l'an M.CCCC.XL. le
jour
sains Lambier.
Dieux aye de son ame mierchis,
Car moult estoit prois
& hardis
S'il fut courtois & debonnair,
Graçois en
tout ly affair ;
Partant est-ilb chi figureis
Qui jamais ne foit
oubliez :
Priez à vraye Roy Jesuchrit
Qui mette nos ames en Paradis.
Amen [Recueil-Bourguemestres]
Aleyde de la
Rivière + Guillaume de Corswarem, dit
de Momalle d'Emptinnes (échevin et bourgmestre de
Liège en 1477, échevin en 1483) [Recueil-Bourguemestres]
qui fait relief le 7.11.1464
=> Englebert de
Corswarem, dit de Momalle
Guillaume « de Moumale » fut
fort
apprécié et participa avec son
collègue au
rétablissement du bon ordre de la ville de Liège.
C'est
pendant son mandat que le perron de Liège, qui
avait
été transporté à Bruges sur
l'ordre du duc
de Bourgogne, fut ramené en grande pompes dans la
cité,
le 11 juin 1478.
Englebert de Corswarem,
dit de Momalle d'Emptinnes,
un des nombreux signataires du traité de Maestricht du
5.5.1492
qui ratifiait la Paix de Donchéry, première base
de la
neutralité liégeoise, + Catherine d'Argenteau de
Boulant
=> Isabelle/Isabeau
de Corswarem, dite de Momalle
Isabelle de
Corswarem, dite de Momalle qui fait relief
le 22.6.1496, † 1539,
+ Englebert de Rougrave ou de
Salme qui fait relief le 19.9.1501
=> Johan/Jean de
Salme dit de Héracourt ou Haraucourt
Au Moyen Âge, la population fut taillable et
corvéable à merci ; aux XIIIe
et XIVe siècle,
elle a subi de plus guerres, famine et peste.
Notes
[6]
Il est intéressant de noter que divers auteurs (dont
le
Baron de Reinsberg-Düringsfeld) citent un Jean de Hermalle,
né en 600. Ce
propriétaire-agriculteur aurait reçu la
visite, dans
son champ, d'un pèlerin qui lui aurait annoncé
qu'il
deviendrait évêque.
Incrédule, Jean aurait
répondu, en fichant en terre un bâton qu'il tenait
«
Ce bois sec portera fruits plus tôt que ne s'accompliront tes
paroles. » Aussitôt le bâton
se couvrit de feuilles, de fleurs qui se transformèrent en
fruits (les pommes de
Saint-Jean bien connues dans la région).
Jean fut donc nommé par le roi Dagobert
évêque de
Tongres (après Saint Ébrégise et avant
Saint
Amand), et fut appelé Jean l'Agneau en raison de la
douceur
de son caractère et malgré sa grande taille (un
de ses
tibias de 53 cm de long constitue
une relique de l'église de Nassogne). Il
mourut le 25
juillet 637 et est toujours vénéré par
la
population huttoise qui le fête le 25 juillet. La
tradition dit aussi que la mère de Jean de Hermalle aurait
fondé le monastère des Dames blanches
à
Maastricht. La vie de Jean de Hermalle a
été
relatée par l'historien et mathématicien
Hériger
de Lobbes (vers 925-1007) ; Heriger précise qu'il emprunte
l'histoire du saint à la tradition : « cujus
vitam et gesta, ut auditu tantum et relatione a majoribus et aetale
provectioribus accepimus, nos quoque perpaucis absolvamus
». (Gesta, chap. XXIX).
Pour mémoire, le VIIe
siècle est nommé
le siècle
des saints, même si le culte de certains et
certaines fut promu par des membres de leur famille soucieux de
renforcer les droits d'un sang noble par la
légitimité d'un patronage spirituel. Chrodoara, par exemple : elle fut
probablement la grand-mère de la
célèbre abbesse d'Oeren. Issue d'un
célèbre lignage, devenue veuve après
avoir eu des enfants, elle se retira dans une fondation pieuse pour y
achever ses jours. Peut-être en fut-elle abbesse…
Elle
mourut en 634 et fut élevée au rang de sainte au
VIIIe
siècle. On peut admirer son superbe sarcophage,
découvert en janvier 1977, dans la collégiale
Saint-Georges d'Amay,
ville que selon la
légende elle fonda sous le nom de Sainte-Ode.
[7]
Plus de détails sur les
fouilles du Thier d'Olne.
[8]
Voir la Guerre des Awans et des Waroux,
lire le Traité
des guerres d'Awans et des Waroux de Jacques de Hemricourt.
Notes des
auteurs qui ont transcrit le poème wallon sur la bataille de
Dommartin :
[1] Voyez Hemricourt,
Histoire des guerres d’Awans et de Waroux, à la
suite du Miroir des nobles de la Hesbaye.
[2] Voyez Bovy,
promenades historiques, tome 2, p. 236.
[3] Le dimanche 25
août.
[4] Le cheval moreau,
appartenant au seigneur de Dave.
[5] Jean, Ernus et
Boynan.
[6] Ces deux derniers
étaient frères de Jean de Waremme.
[7] Wilkâr.
[8] ?
[9] Alexandre de Saint
Servais quy des deux mains et d’on piet estoit affoleis. V.
Hemricourt p. 358.
Note des
traducteurs (Nicole Hanot et Philippe Gillet, avec l'aide
très appréciée de Lucien Mahin) de ce poème :
[a]
Aujourd’hui : Rodge
Male = la marne rouge (de sang). Selon Gaïer et
C. Masson, l'endroit se serait appelé dès avant
la bataille Rochemale.
[b]
Saint-Biètmé =
Saint-Barthélémy. C'était un dimanche,
jour
chômé selon la coutume catholique... sauf pour le
déroulement des batailles.
[c] En wallon : sans attimprance =
impatient [d’en découdre]..
[d] Moreau
désigne la
couleur très noire d’un cheval. Hemricourt
précise que Jean de Waremme, l’homme le plus grand
et fort
de tout le
pays, avait emprunté ce destrier au seigneur de Dave car il
avait
besoin d’une bête puissante, capable de le porter
toute une
journée,
lorsqu’à son propre poids s’ajoutait
celui de sa
lourde armure. Aucun
autre cheval n’aurait pu supporter une telle charge. Le
cheval
est ici nommé du nom de son propriétaire,
Guarnier
seigneur de Dave qui, selon Hemricourt, de voulait pas participer
à la guerre, mais a pu «
prêter » sa
bête en soutien à son parent sans pour autant
courir de
risque personnel.
Le destrier, à l'époque, était
protégé d'une armure de fer sommaire
généralement dissimulée sous un
caparaçon
de tissu. On peut se demander si Lamkiné d’
fiér comme on tonnai
se rapporte ici au cheval ou au chevalier, même si l'armure
de
l'animal, au niveau de l'encolure, faisait effectivement penser au
cerclage des tonneaux.
[e] Robert de
Trugnée selon Hemricourt. « Bert » est
le surnom attribué
indifféremment, selon Jean Haust, aux Albert, Hubert,
Lambert, Robert,
etc., correspondant à Bébert pour un enfant.
[f] En wallon : à int’
coût’ hapaie = après un
court moment.
[g] Le terme wallon mâhutin
est celui qui a posé le plus de problème de
traduction. Il semble composé de mâ (må)
signifiant mauvais et hustin
(hutin)
renvoyant à hustiner = quereller, houspiller –
Hutin est un terme de
français signifiant emporté, querelleur ; il a
servit de surnom (ex.
Louis X de France = Louis le Hutin) avant de devenir nom de famille.
Arnoul de Jehay fut décrit dans les textes comme haineux,
cruel,
vindicatif.
[h] Libert Butoir,
seigneur de Clermont, selon Claude Gaier et André Joris, Armes et combats dans
l’univers médiéval II, De
Boeck, & Larcier, Bruxelles, 2004, p.123.
[i] Synonyme de
oscillant.
[j] En wallon
: dès
paut’ di wassin
= des épis de seigle. Pour la rime, nous avons
préféré le terme engrain,
céréale de
la même famille que le seigle, se présentant comme
lui en
épis, ou plus exactement en épillets, et qui est
attesté comme cultivé par les Celtes dans le val
mosan
(et à Hermalle) dès la période de
Halstatt.
[k] Autre
difficulté de traduction. Pouhî
= puiser ; réfléchi, le verbe signifie se
mouiller les pieds malgré les
souliers ; intransitif, il se traduit par prendre l'eau ; dans
l'expression ni va
nén la, ça pou(j)he,
il signifie embourber. L'impossibilité de mettre
la main sur une carte
de l'époque pour déterminer si le lieu du combat
était boueux, ni de
connaitre les conditions météo des jours
précédents oriente notre
traduction : pour arriver sur le champ de bataille, les combattants
furent obligés de passer des gués (celui de la
Meuse pour Henri de
Hermalle), des ruisseaux, des terres où stagnent les eaux et
les
limons. D'autre part, le texte précise que les
envoyés du prince-évêque
arrivèrent tout crottés…
[l] Ce nom est
donné par Jean-Pierre Paul Bovy, Promenades historiques dans le
pays de Liège, tome II, imp. P.-J. Collardin,
Liège, 1839.
[m] En wallon k’chessî ses
mâs
= pourchasser ses maux. Selon Hemricourt, Alexandre de Saint-Servais
était estropié des deux mains et d’un
pied.
[n] Goffin de
Fétine. Ces deux
personnes étaient Bourgeois de Liège, Officiers
de la
justice des fiefs du prince-évêque.
[o] Roselant
= de couleur rose en ancien français).
[p] En wallon
: coulaie
= coin du feu -> foyer, maison, famille.
[q] En wallon hossant les s’pales =
haussant les épaules. Brimbaler, qui nous convient pour la
musicalité,
signifie remuer en faisant du bruit. Pour mémoire, les
armures
n'étaient pas silencieuses…
[r] En wallon s’crâw’
di fiér
= sa crosse de fer. Le marteau d’armes, parfois
appelé bec-de-corbin en
raison de sa ressemblance avec le bec d'un corbeau, était
conçu pour le
combat rapproché ; le coup pouvait briser les os mais aussi
limiter les
mouvements en faussant les articulations des armures.
[s] En wallon touwer = tuer,
abattre ; touweû
= assommoir, massue pour tuer les bœufs. Henri III succomba
sous
ses coups et les bessurs occasionnées par le
piétinement
des chevaux.
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