Remacle Le Loup, Le château de Hermal, gravure, 1735 – détail.
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Au XXe siècle





En 1828, la Société Métallurgique d’Engis avait été créée pour l'exploitation des gisements de zinc régionaux ; elle est devenue, par fusion avec d'autres entreprises, la société de la Nouvelle Montagne qui, après la découverte de gisement de phosphate en Hesbaye, va se mettre à fabriquer aussi des engrais chimiques et devenir le groupe mondial Prayon. Son charbonnage de Bon-Espoir lui procure des bénéfices considérables mais, au tournant du siècle, un changement de direction provoque une modification des investissements et une baisse salariale pour les ouvriers de 3 francs par jour. S'en suit une grève de plus d'un mois et demi dont on discute au Parlement car sept grévistes - dont deux Engissois -, n'ayant pas accepté l'autorité d'un porion violent (d'ailleurs déjà condamné à une trentaine de condamnations diverses) et accusés par lui, sont arrêtés chez eux à 6 h du matin, le 5 juin 1901, bien que les bourgmestres d'Engis et des Awirs, M. Plumier et M. de Clerx d'Aigremont, aient refusé de requérir la gendarmerie ; garrottés (et même pour l'un d'eux enchainé), ils sont conduits à la gendarmerie d'Engis puis à Liège où ils subissent dix jours de détention préventive… [Demblon].

Le 13 juillet 1861, le Conseil provincial de Liège avait débattu d’une demande de scission des communes de Saint-Georges et de Hermalle car la Mallieue désirait être rattachée à Flône.  L’un des enjeux était l’école : il n’y en avait pas sur la rive gauche et les enfants de la Mallieue devaient passer la Meuse quatre fois par jour, par bac, pour se rendre sur la rive droite, à l’école d’Hermalle…   Chacun, d'ailleurs, devait faire de même, s'il devait aller d'une rive à l'autre, que ce soit pour se rendre au travail ou pour prendre le train.  

De cause à effet, l’instauration d’un passage d’eau.
La barque suivait un câble accroché aux poteaux.
Que la Meuse soit calme ou impétueuse,
Il fallait la passer, même par vagues dangereuses.

Gustave Séverin, Souvenirs
(La rue de la Meuse)

carte postale

Carte postale représentant le château et la cour d'honneur, adressée d'Engis en 1903.

Un projet de passerelle en fer, élaboré en 1894, n'aboutit pas. En mars 1904, le député de Huy-Waremme rappelle à la Chambre :

J'ai, en second lieu, à réclamer du gouvernement un autre travail d'une utilité non moins grande ; je veux parler de la construction d'un pont sur la Meuse, sur le territoire de la commune de Hermalle-sous-Huy.

Cette importante commune est coupée en deux tronçons par la Meuse. La partie la plus considérable de la commune, ainsi que les communes environnantes situées sur la rive droite de la Meuse, sont sans communication avec les usines de la rive gauche et le chemin de fer du Nord-Belge, sis sur cette rive.

Ces communes, parmi lesquelles je citerai, outre Hermalle-sous-Huy, Clermont-sur-Meuse et Saint-Séverin ont une population de plusieurs •centaines d'ouvriers qui, journellement, matin et soir, doivent traverser la Meuse en barquette pour se rendre aux usines de la rive gauche, depuis Flône jusqu'à Liège, et, depuis Flône jusqu'à Huy. Il y a, en outre, en moyenne, une centaine d'autres personnes qui, quotidiennement, circulent d'une rive à l'autre; ce qui fait environ 600 passagers par jour. -

En cas d'inondation et de fortes pluies ou bien lors du chômage de la Meuse, ce qui représente, au total, une moyenne de 60 jours par an, les malheureux habitants de ces communes sont obligés, soit de rester chez eux, soit de déloger, soit de faire le matin et le soir un détour de plusieurs lieues pour rejoindre l'autre rive par les ponts d'Ombret ou d'Engis. Il existe sur le territoire de ces communes des richesses inexploitées et inexploitables par suite de l'absence de communications, notamment des carrières, qu'un pont mettrait en valeur.

Dois-je insister sur les difficultés d'approvisionnement pour les habitants et les cultivateurs de ces communes déshéritées? C'est à grands frais qu'ils sont obligés d'aller prendre leurs marchandises ou expédier leurs produits aux gares d'Ombret et d'Engis ! Enfin, au point de vue spécial de la commune de Hermalle, sa séparation par un obstacle difficilement franchissable, entrave et gêne les divers services publics, tel que état-civil, sépulture, service du culte, fréquentation des écoles, etc.

Les efforts conjoints des autorités communales et du député de Huy-Waremme aboutissent enfin au projet d'un pont construit en béton armé, pour des raisons de cout et de rapidité ; le travail se fait en cinq mois (1908-1909).  

photo d'époque

Photo parue dans la revue Le Béton armé, 1911.

« Examinons le côté économique du problème et les raisons qui, dans le cas considéré, ont fait préférer un pont en béton armé à un pont métallique.
   Le pont de Hermalle-sur-Huy et le raccordement sur la rive droite au chemin reliant le village au passage d'eau n'ont coûté, tout compris, que 205.800 francs. Déduction faite du prix de la rampe, qui est évalué à 20.600 francs, le coût du pont proprement dit serait de 179.200 francs, soit par mètre carré 222 fr. 60, y compris les supports, le pavage de fa chaussée et des trottoirs.
   Un pont à travées métalliques du type poutre droite, qui semble le plus économique dans le cas actuel reviendrait, toute chose égale d'ailleurs, sensiblement à 240 francs le mètre carré, en réalisant la charpente métallique et les pavages  seulement.
   Il faudrait, en outre, ajouter le prix des supports en maçonnerie (béton avec parements en pierre) 40.000 francs en moyenne pour les piles en rivière et 15.000 francs pour les culées, ce qui, au total, donnerait une dépense de 240 x 805 + 40.000x2 + 15.000x2 = 303.200 francs en supposant le pont composé de trois travées.
   Il y aurait donc, d'après ces calculs une augmentation de dépenses de 124.000 francs environ pour l'établissement d'un pont métallique.
   On pourrait ajouter à cette raison que les ponts en béton armé offrent sur les ponts métalliques l'avantage d'un entretien moins onéreux.
   Un pont métallique, à poutre droite, ne présente pas à la vue la même harmonie de lignes qu'un pont en arc et en béton armé.
   Un pont métallique, à poutre droite, n'aurait pas permis de donner au pont son tirant d'air maximum.
Il aurait nécessité des culées plus élevées et par conséquent des rampes d'accès à inclinaison plus forte.
   Un pont métallique à arcs ou suspendu ne présenterait pas cet inconvénient mais le prix d'exécution en serait plus élevé encore.
   Un pont en béton armé est plus rapidement construit. Celui de Hermalle-sous-Huy le fut en 5 mois ; un pont métallique avec supports en maçonneries aurait nécessité beaucoup plus de temps.
Résistance. — Les épreuves auxquelles on soumet les ponts en béton armé montrent que ces ouvrages sont très rigides. Au moment des épreuves, le pont de Hermalle fut chargé à raison de 400 kilogrammes par mètre carré, on fit rouler ensuite une charge de 70 tonnes sur cet ouvrage d'art.
   Les flèches mesurées pendant ces épreuves furent à peine de quelques millimètres et le recul des culées inappréciable.
   Ces flexions minimes furent élastiques et momentanées. »[Béton armé]

La « charge roulante » a été constituée de locomotives de 30 tonnes sur 3 essieux et wagons de 14 tonnes sur 2 essieux.

Il faut aussi noter que c'est le deuxième pont de ce type construit sur la Meuse - le premier le fut à Rouillon (Annevoie) en 1905 - et que l'utilisation du béton armé pour un pont n'existe alors que depuis une dizaine d'années.

scaphandrier et ouvriers sur une barge

Scaphandrier et ouvriers à Hermalle - coll. BMG

Des scaphandriers ont été nécessaires pour déraser le lit du fleuve, enlever des poches de gravier et placer les sacs de béton à la base des deux caissons.

L'inauguration du pont donne lieu à de fastueuses cérémonies en présence de la famille de Potesta, du bourgmestre Diesmans et des autorités communales. Les journaux hutois en font le reportage :

« (…) Le cortège se remet en marche pour faire à travers les deux parties de la commune, La Mallieue et Hermalle réunies, une promenade triomphante.  Des terrasses de la gare, on peut assister au spectacle du défilé de cet innombrable cortège.  Les cavaliers sont déjà aux portes du château que le dernier groupe est encore sur le terrain de la gare.  Le pont et le village sont décorés de drapeaux, de guirlandes et de fleurs.  Le pont était remarquable par sa décoration de drapeaux nationaux et du Congo.  La soirée était superbe et la foule massée (plus de 10 000 personnes) sur les deux rives put admirer l'éblouissant feu d'artifice.  Le bouquet représentait le pont de Hermalle avec en lettre de feu Hermalle, le 11 juillet 1909. »

Le malheur marque cependant le reste des 50 premières années…

Et d'abord la Première Guerre mondiale qui amène comme partout son lot de souffrance. 
En 1914, une jeune fille préserve pourtant le village :

« La scène se passe à Hermalle-sous-Huy, petit village des bords de Meuse, à quatre ou cinq kilomètres en aval de la cité mosane.  Nous sommes en aout 1914.

Au sud du village dominé par le bois d'Hermalle, un coin paisible, la Trihette.  Quelques modestes demeures campagnardes s'y échelonnent le long du chemin conduisant au bois qu'il traverse pour atteindre Aux Houx, une sorte de lieu-dit.  Marie habite avec ses parents et son frère une maison longue et basse perpendiculaire au chemin.

Soudain, une voisine, brave femme qui habite une humble bâtisse juste avant le bois, fait irruption, hors d'haleine, dans la cuisine.  « Mademoiselle, hoquète-t-elle à Marie, venez un peu.  Il y a chez moi des soldats et je ne comprends pas ce qu'ils veulent. »

Devant le trouble évident de la pauvre femme, Marie n'hésite pas et toutes deux courent à toutes jambes vers la maison du haut du chemin.  En effet, il y a là quelques cavaliers armés, coiffés de curieux casques et vêtus de gris.  Immédiatement, Marie, qui termine l'école moyenne, reconnait la langue allemande. « Ils ont soif, dit-elle à la femme apeurée, et demandent de l'eau pour eux et pour leurs chevaux.  Donne-leur à boire ».

Une fois désaltérés, les cavaliers remontent en selle et reprennent le chemin du bois par où ils étaient venus.
Le lendemain ou le surlendemain, c'était l'invasion. Toutes à leur élan, les armées allemandes submergèrent la contrée.  Une troupe s'arrêta à Hermalle pour y prendre position.  L'officier qui la commandait s'en fut trouver le bourgmestre afin de régler des problèmes d'installation. « Monsieur le Bourgmestre, dit-il au brave homme éberlué, comme nos éclaireurs ont été bien accueillis, vous pouvez être tranquille, il ne sera rien fait à votre village ».

D'heureux effets parfois… pour de bien petites causes !

Marie Maréchal (†), récit recueilli par son neveu, Léopold Maréchal. »

Maréchal, Léopold, Comment Marie Maréchal sauva son village Hermalle-sous-Huy en 1914,
revue Le Guetteur wallon, 1994, 4, p 175.  Nous communiqué par les Archives de l'État de Namur en mars 2007.


Aout 1914…
Le 1er, la garde civique liégeoise est arrivée par train pour garder ce pont de Hermalle qui a cinq ans. Les hommes sont logés dans des bâtiments réquisitionnés, sur de la paille.  Le sous-lieutenant Léon Mélotte a décrit le corps de garde :

« Quelle masure ! Quel délabrement ! Il fallait aller vite ; on a occupé le premier bâtiment sous la main. Parmi les marches branlantes, les murs lézardés, les plafonds croulants, où d'énormes araignées courent, les hommes ont jeté leur paille. On entrera là-dedans que s’il pleut ; l'odeur est trop infecte. Cela sent la moisissure, le fumier et les rats dérangés fuient de tous côtés. »

Les officiers ont droit à une chambre à l'auberge ou chez l'habitant.
Le 2, l'Allemagne adresse un ultimatum à la Belgique.
Le 3, la garde arrête un individu qui a tenté de passer inaperçu en se jetant dans le fossé qui borde le chemin. C'est un Allemand !
Le 4, la garde est remplacée par l'armée.

photo

Pont de Hermalle en aout 1914. À l'arrière-plan la Tour Malakoff – photo offerte par Georges Plumier † – coll. BMG

Dans la nuit du 4 au 5, le lieutenant du génie Beaupain obéit aux ordres de l'armée belge et, vers 4 heures [Leman], fait sauter le jeune pont de Hermalle…  Un pont qui ne sera reconstruit (quasiment à l'identique) qu'en 1923-1924 … pour être miné par le génie belge le 11 mai 1940 et reconstruit péniblement en 1947-48 - péniblement, car l'effondrement d'une arche en septembre 1947 va provoquer la chute de 12 travailleurs dans le fleuve et 7 y perdront la vie.

Plusieurs Hermalliens, faits prisonniers par les Allemands, passent par le camp d’immatriculation et de transit de Gießen ; parmi eux, le receveur communal Camille Lecrenier, honoré ensuite par l’attribution de son nom à la rue de la Héna.

Une femme joue un rôle majeur à Hermalle mais disparait dans les oubliettes de l'Histoire hermallienne…


Marie Ladry :


Née à Saint-Servais (Namur) le 15 juillet 1869, Marie Ladry arrive le 9 octobre 1910 à Hermalle-sous-Huy venant de Messancy (province de Luxembourg). Selon le registre de la population de Hermalle, elle exerce la profession de « gouvernante ».

Elle a été engagée comme préceptrice du jeune René de Potesta, fils héritier du baron Édouard de Potesta décédé en 1911 à l'âge de 43 ans, et d'Isabelle de Géradon qui va assurer la gérance des biens familiaux. Durant le premier semestre de 1914, la baronne Isabelle se rend à Gand d'où sa famille est originaire et elle confie la garde du domaine hermallien à Marie Ladry. Celle-ci est alors âgée de 45 ans.

Marie Ladry commence à rédiger un journal le 13 aout 1914, jour où les Allemands envahissent le village. Elle va noter quasi quotidiennement les évènements afin de pouvoir transmettre ultérieurement des informations précises à sa patronne et justifier ainsi ses propres décisions en tant que régisseuse.

photo du carnet

On y trouve des renseignements directement relatifs au château mais aussi d’autres qui concernent le village et la région et complètent les données recueillies par les historiens. Ses informations, vérifiées par nous pendant des mois, s'avèrent exactes à plus de 90 %.  Le pourcentage restant n'en est pas pour autant inexact : simplement, nous n'avons pas réussi à les rattacher à des faits connus.

Le journal démontre que le comportement et les décisions de Marie pendant la 1ère année de la guerre ont contribué à maintenir calme et relations courtoises avec l’envahisseur, allant parfois jusqu’à inciter celui-ci à alimenter le personnel du château – un comportement rarissime de l’occupant lors d’une invasion caractérisée par le pillage généralisé.

Il est évident que Marie Ladry, par sa maitrise d'elle-même vis-à-vis d'un envahisseur qu'elle exécrait, pour son attitude posée, par son éducation et son intelligence, a réussi à établir un climat serain propice à la mise en confiance et au respect de l'occupant.

Elle a aussi protégé le personnel du château, soit de la vindicte de certains villageois par exemple vis-à-vis d’une villageoise d’origine allemande qui servit d’interprète, soit d’un blâme de la baronne en dissimulant dans son compte rendu l’arrestation du jardinier qui fut traduit devant un Conseil de Guerre de campagne au prétexte d’avoir conduit des soldats dans un guet-apens (qui n’était autre que le local servant de réservoir pour l’alimentation du système d’éclairage en gaz éthylène).  

En résumé, Marie Ladry a réussi à assumer :
  • la gestion totale de la propriété : château, labours, vergers, bétail ;
  • la gestion du personnel avec prise en compte des dégâts psychologiques ;
  • l’accueil et la notation des visiteurs : Allemands qui, pour passer le temps, viennent visiter les salons, châtelains voisins qui viennent s’informer ou apportent des nouvelles, civils fugitifs, etc. ;
  • le relevé des nouvelles, vraies comme fausses qui circulent dans la région, pour mémoire ;
  • les ventes de légumes, de vin, de genièvre, de confitures, de piquets de sapin (pour la restauration des ponts) aux Allemands, ce qui lui procure la trésorerie nécessaire au paiement du personnel ;
  • la notation quasi journalière du nombre d’aéroplanes, dirigeables, camions, trains de soldats comme de blessés, voitures mortuaires, voitures pleines d’ouate, chariots pleins et vides – ce qui serait considéré comme de l'espionnage par l'occupant s'il avait découvert le carnet ;
  • la mise à l'abri des biens précieux de la famille de Potesta ;
  • la mise à l’abri du trésor de l’église dans la chapelle funéraire des Potesta ;
  • l’expédition d’un colis et de 300 frs pour Gand, à sa maîtresse ;
  • la mention de commentaires de soldats allemands qui se plaignent de la guerre et disent leur désir de rentrer chez eux ;
  • la remise en état et la mise à disposition du manège pour l’exercice des cavaliers allemands et la grande fête qu'ils organisent ;
  • la notation de l’état de santé de la population en fonction de la pollution atmosphérique et
  • la gestion des litiges que celle-ci entraine ;
  • la notation des attentats contre les Allemands ;
  • la location d’une chambre et du billard à un officier allemand… qui y reçoit des demoiselles de la région ;
  • la distribution de bons aux pauvres qui viennent aussi chercher chez elle du linge et des vêtements.
Le carnet s'arrête le 19 juillet 2015, jour du retour de la Baronne et de René de Potesta.

Marie Ladry quitte notre commune le 29 avril 1919 pour aller à Hompré (Vaux-sur-Sûre). Plus personne ne se souvient d'elle à Hermalle.



Hermalle a vécu du bon et du mauvais avec cette guerre.  
Le pardon d'un viol raconté par un réfugié belge en fait preuve :

« 32e témoignage : REFUGIÉ BELGE. À Hermalle-sous-Huy, au mois de Septembre, j'étais sur  la place en face de la gare.  Il y avait une escouade ou un peloton de soldats allemands, sous les ordres d’un officier. Ils ont placé un autre officier qui était avec eux contre un mur. J'ai alors vu une femme, qui tient un café à Hermalle, sortir et parler à l'officier responsable du peloton. L’homme debout contre le mur opposé à la section a ensuite été autorisé à partir. Le frère de la dame m’a dit que l'officier placé contre le mur avait violé la fille de sa sœur, âgée d'environ 18 ans, et avait été pris en flagrant délit de viol de la deuxième fille, âgée d'environ 12 ans.
C'était la mère qui avait surpris l'officier en train de violer sa cadette.
Elle a porté plainte auprès des officiers supérieurs allemands et le violeur a été condamné à être fusillé. C’est pour cela qu’on l’a amené comme je l’ai décrit ci-dessus.  La mère était la dame qui est sortie, et le responsable de la section lui a demandé si elle voulait pardonner l'officier condamné. Elle ne voulait pas le voir exécuter et a dit qu'elle pardonnait. Il a ensuite été libéré. Le policier était habillé de gris et avait un casque avec une pointe au-dessus. Il appartenait au 32e Régiment de ligne. Je le sais parce que j'ai vu le nombre sur le revêtement de toile qu'il portait sur son casque. Les autres soldats présents sur la place appartenaient au même régiment. »

Committee on alleged German outrages.  Evidence and documents laid before the committee on alleged German outrages.
Being an Appendix to the Report of the Committee appointed by His Britannic Majesty’s Government and presided over by The Bight Hon.
Viscount Bryce, O.M. etc.etc. Formerly British Ambassador at Washington.
MacMillan Company, New York for His Majesty’s stationery Office,

London, appendix A, p.19


Le village est libéré par les Canadiens en 1918 ; des familles hermalliennes les hébergent quelque temps avec plaisir.

photo d'époque

Soldats canadiens hébergés en 1918 par Rosalie et Camille Feron. © Jean Mossoux.





La famille de Potesta - II :


Pour mémoire : Édouard René Charles de Potesta (Couthuin 17.08.1868-Hermalle 28.04.1911) + Isabelle Louise Julie de Géradon (1873-11.1957) => Emma et René Édouard Marie de Potesta

René Édouard Marie de Potesta (Hermalle 22 juillet 1899-Hermalle 25 juin 1977)

Lorsque les Allemands envahissent la Belgique au début de la Première guerre mondiale, le jeune homme de 15 ans est donc à Gand avec sa mère. 

À son retour à Hermalle en juillet 1915, il brule de s'engager auprès des alliés et va finalement tenter de rejoindre l'armée. Trahi par une sentinelle à la frontière, il sera emprisonné pendant un an à Anrath, avant d’être transferé à Celle-Schloss.  

Isabelle Louise Julie de Géradon assure, comme bien des épouses avant et après elle, l'intérim de la direction de la seigneurie de Hermalle.
Elle se heurte par exemple à la commune au sujet des écoles que la famille a fait construire rue de meuse (actuelle rue du Pont) à 300 m du château et publie la réalité du problème :

photo de la 1ère page
page 2

René rentre à Hermalle après la guerre. Il a 19 ans, il n'est pas encore majeur.

menu de repas

Menu du repas offert au château de Hermalle au baron G. de Potesta de Waleffe - coll. BMG M-I 0036




Il y a eu d'autres catastrophes que la guerre :

Les inondations étaient courantes. On se rappelle de celle de 1910, de celle de janvier 1920 où la Meuse est montée jusqu'à 1,89 m au-dessus du quai d'Engis (photo de gauche, remerciement à Charly Debatty) ; le même endroit sera également inondé en octobre 1924, en décembre 1925 et en mai 1959, après un violent orage accompagné de grêle (photo de droite).

inondations 1920 inondations 1959

En janvier encore mais en 1926, suite à des pluies torrentielles, le fleuve déborde et inonde complètement le quartier Chaumont de Hermalle ; on sauve les gens mais pas la totalité du bétail.

La Meuse autrefois était bien différente ;
Peu draguée, elle devenait facilement envahissante.
Des crues terribles sont restées en mémoire.
Celle de janvier 1926 aura marqué l’histoire.

L’eau monta très vite, créant une vraie crise.
Chaumont était devenu comme un quartier de Venise.
Quelques audacieux devinrent des marins improvisés.
Il fallait ramer pour garder le cap vers les sinistrés.

La ferme Orban devait souffrir davantage.
Le bétail, lui, ne pouvait monter à l’étage.
Bravant les périls, on parvint à sauver l’essentiel,
Devant ce cataclysme, on implorait la clémence du Ciel.

Gustave Séverin, Souvenirs (Mon Chaumont d’autrefois)

Engis est envahie ! L'eau atteint la rue Maréchal Foch, quasiment au sommet de la rue de la station... soit une hausse de quelque 6 mètres !

inondations pires en 1926


Et surtout…

« Messieurs, le vendredi 5 décembre 1930, à Engis, par un temps couvert et froid, une ménagère d'une soixantaine d'années vaque à ses occupations, sort de sa maison, ressent brusquement à la gorge une insoutenable brûlure et immédiatement après une sensation d'étouffement. Elle rentre chez elle, s'alite, et meurt quelques heures après.

Ce fait ne reste pas isolé. Des centaines et des centaines d'hommes, de femmes, d'enfants, habitant la vallée de la Meuse ressentent les mêmes symptômes, sont victimes du même mal inconnu. Soixante-douze d'entre elles meurent dans les 48 heures; plus de 300 échappent à la mort mais conservent en elles les traces du mal. Des centaines de bêtes à cornes sont brusquement frappées de mort dans les étables.

Les morts habitaient les communes de Hermalle-S-Huy, Engis, La Maillieu [sic], Flémalle-Grande, Flémalle-Haute, Vierset [sic], Ivoz-Ramet, Seraing, Jemeppe, Ougrée. »
Archives de la Chambre, au 7 juillet 1931, interpellation du député Jacquemotte.


De fait : du 1er au 5 décembre 1930, un épais brouillard s'étend sur l’Angleterre, la France, la Belgique causant de multiples accidents d'aviation, de train, de voitures.

Il règne particulièrement sur toute la vallée mosane, de Jemeppe-sur-Meuse à Huy. C'est un brouillard tellement épais qu’à Engihoul, on ne peut plus voir quelqu’un à côté de soi pendant des heures, un air visqueux, une odeur âpre qui brule la gorge, fait tousser et cracher noir ou jaune, sucré, une poussière gris ardoise, grasse et collante.  
Faute de pouvoir soulager les bêtes, on met des bonbonnes d’oxygène dans les étables et puis on doit les abattre pour qu’elles restent propres à la consommation.

Le jeudi, le brouillard épaissit encore et s’étend sur des hauteurs jamais atteintes. Les gens continuent à travailler des 11, 12 heures durant.  Les usines ne s’arrêtent pas. Les symptômes s’aggravent.  Panique. 

Ce brouillard fait stagner les particules fines et les gaz émanant des 27 grandes usines de la vallée qui utilisent, comme les particuliers, la combustion du charbon.
Gens et animaux ne peuvent que les respirer.
Dès le troisième jour, de milliers de personnes souffrent d'affection respiratoire et plus de soixante en décèdent.
reproduction

Extrait d'un article paru dans le New York Times du 6 décembre 1930.

L'émotion est intense non seulement dans la région, mais dans la Belgique entière et même dans le monde.

 En témoignent les titres de journaux :

6 décembre
The Evening Independent (U.S.A.) : "Mysterious fog in Meuse valley",
The Times (Angleterre) : "Over forty deaths in Belgium"
Sydney Morning Herald (Australie) : "Fog of death"
Rotterdamsch Nieuwsblad (Pays-Bas) : "De doodende mist"

7 décembre :
New York Times : "Fog brought death only to old and ill" - sous-titre : "Peasants still in terror"
Le Matin (France) : « Le brouillard fait des victimes en Belgique »
Het Vaderland (Pays-Bas) : "De moordende mist"

8 décembre :
L’Humanité (France) : « Un brouillard mortel descend sur neuf villages et tue près de 70 personnes »
Canberra Times (Australie) : "The breath of death".

9 décembre :
Les archives de Gallica.fr indiquent que le quotidien français La Croix du 09 décembre 1930 (Numéro 14656) a écrit sous le titre « Le brouillard mortel dans la vallée belge de la Meuse » : A Hermalle-sous-Huy, on signale plus de 100 malades, mais il est impossible de vérifier le chiffre.

« Brouillard homicide »,  « Vallée de la mort »…

Le New York Times s'interroge : grippe espagnole, arme chimique ou microbe du Sahara ? Il précise que «  20 000 masques à gaz sont acheminés d'urgence de Londres à Bruxelles ».

photo du brouillard

Brouillard dans la vallée de la Meuse - Collection Albert Humblet.

Une hypothèse a effectivement surgi : le brouillard aurait été contaminé par la rupture de conteneurs contenant les gaz meurtriers utilisés par les Allemands durant la Grande guerre, conteneurs qui auraient souffert d'un affaissement de leur lieu de stockage suite aux périodes d'inondations des années 1926.  
Les journaux du nord de la France relatent d'autant plus l'évènement que les populations civiles françaises ont fortement souffert des gaz allemands et qu'elles ne peuvent donc que lire la presse avec intérêt… 
Mais il est vrai que des rescapés, anciens combattants gazés, ont établi la comparaison entre la brulure ressentie dans les tranchées et celle du brouillard de 1930 [Prochasson].

Le 6 décembre, le procureur du Roi lance une enquête sur base d'une plainte contre X et on crée une commission d'enquête criminelle.
Le 7 décembre, la reine Élisabeth de Belgique visite la zone sinistrée et assiste depuis la maison communale d'Engis à un cortège funèbre.
Le Premier ministre Henri Jaspar présente les condoléances du gouvernement lors d'une séance de la Chambre des représentants, et des parlementaires en profitent pour rappeler des incidents causés par des gaz industriels à Havre, Frameries, Tilleur, Vilvoorde, Willebroeck…
Le 12 janvier 1931, une commission est chargée d'étudier l'application des dispositions légales et règlementaires destinées à prévenir les dangers résultant, pour l'hygiène publique et pour le régime des eaux, de l'exploitation des établissements insalubres.


Le total des morts est de 60 selon la plupart des auteurs récents :14 pour Engis la plus touchée (sur 3759 habitants), 12 pour Seraing (45133 habitants), 9 pour Jemeppe (13905 habitants) et Flémalle-Haute (6074 habitants), 7 pour Yvoz-Ramet (3786 habitants), 5 pour Flémalle-Grande (5840 habitants), 4 pour Amay (6353 habitants) [Buijsman]    

La consultation des archives de la Chambre, au 7 juillet 1931, donne d'autres informations, rappelons-le : le député Jacquemotte a cité 72 décès dans les premières 48 heures, et le ministre de l'industrie, du travail et de la prévoyance sociale qui lui répond, M. Heyman, n'a pas démenti pas ces chiffres : « plus de soixante décès se sont produits. Il ne fut constaté aucun cas de mort immédiate ou rapide. L'action du brouillard s'est surtout manifestée par une irritation des voies respiratoires, accompagnée de complications diverses. »

Le quotidien français La Croix du 9 décembre précise dans un petit article en page 2 : « À Hermalle-sous-Huy, on signale plus de 100 malades, mais il est impossible de vérifier le chiffre. »

Seuls les adultes ont été victimes : « il n'y a pas un seul enfant atteint », ajoute La Croix.



photo d'un cortège funéraire

Cortège funéraire rue Wauters, Engis.

Mais il y a eu plus de 300 malades de longue durée. Et des centaines de têtes de bétail morts sur place. À Hermalle-S-Huy, Engis, La Mallieue, Flémalle-Grande, Flémalle-Haute, Vierset, Ivoz-Ramet, Seraing, Jemeppe, Ougrée.


Quant à l'indemnisation des victimes…, le ministre précise que 1/ le juge d'instruction a chargé des experts d'étudier les questions relatives à cette affaire et d'établir, éventuellement, les responsabilités, que 2/ il ne peut être question pour l'Etat d'intervenir dans l'indemnisation des familles des victimes ou des personnes ayant subi des dommages matériels.
Les articles 1382 et 1383 du Code civil prescrivent en effet que tout fait quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer et que chacun est responsable du dommage qu'il a causé, non seulement par son fait, mais encore par sa négligence et par son imprudence. C'est aux tribunaux qu'il appartient de se prononcer sur la question des indemnités à allouer. Le problème, c'est qu'il n'est pas possible de déterminer qui est responsable…

Il y a pourtant longtemps que la pollution par les usines posait problème !

En janvier 1860 a été imprimée par de Thier et Lovinfosse, à Liège, une plaquette intitulée Réponse par les principaux industriels en zinc de la Belgique à une note tendant à démontrer la prétendue insalubrité des fabriques de zinc adressée par MM. Collette et Laport à la Chambre des Représentants le 20 décembre 1859.  
Les directeurs de la Sté de Corphalie, de la Sté de Colladios, de la Sté de la Vieille-Montagne, de la Sté de la Nouvelle-Montagne), des propriétaires de fabriques de zinc à Ampsin et Ougrée, des lamineurs de zinc à Longdoz, Liège et Chênée y démontraient avec moultes annexes que les usines de zinc n'étaient pas responsables des cas de choléra que connaissait le pays de Liège.  
Et ils avaient raison puisque cette maladie contagieuse est due à une bactérie et non… au zinc !
Mais certains témoignages, cependant, évoquent cependant des problèmes résultant des poussières zinciques déposées par les fumées des usines sur les herbages environnants, nuisant à la santé des végétaux arborescents et des bestiaux.  Ces affirmations furent évidemment battues en brèche notamment par M. Pétry, vétérinaire, membre de l'Académie royale de médecine et de la Commission provinciale d'agriculture :

« Il n'existe pas une seule preuve claire, positive, que l'homme, l'animal, les prés et les plantes annuelles dépérissent ou meurent par l'action des fours à réduction de zinc.  Des observations, des expériences nombreuses, des ouvertures de cadavres, faites par des hommes compétents, n'ont décelé aucun signe caractéristique, démontré aucune lésion morbide sérieuse, qu'on puisse directement rapporter à un empoisonnement par le zinc ;  comme on n'a pas prouvé davantage, jusqu'à ce jour, par l'analyse chimique, la présence de ce métal dans les entrailles des animaux, ou dans les différents tissus des végétaux. »


carte postale montrant les fumées à flône

Carte postale, 1ère moitié du XXe siècle


Avant la Guerre de 1914-1918, la famille de Potesta avait cependant intenté un procès aux usines à Zinc de Flône et des experts se déplacèrent à Hermalle dans ce cadre.  Marie Ladry – préceptrice du jeune baron de Potesta et devenue, à cause de la guerre, régisseuse du château – a écrit dans son Cahier à la date du 4 décembre 1914 :

« Abordant un sujet local, disons que, les usines ne crachant plus leurs fumées empestées,  la santé générale des hommes et des animaux s’en ressent malgré tout : un fermier, voisin de l’usine de Flône, assurait qu’il voyait périr quantité de jeunes poulains, chose qui ne s’est pas produite cette année. Des personnes souffrant de l’estomac voient leur état s’améliorer au point de vue de la digestion.  Depuis le mois de Juin jusqu’à ce jour, il n’y a eu qu’un seul décès, et encore était-ce un suicide ! Aucun malade ! »

Et le 4 juin 1915 :

« Les Experts pour le procès des fumées sont venus hier et aujourd’hui. Ils avouent que le feuillage est beaucoup plus beau que les années précédentes. » .

De fait, le journal La Wallonie, dans son article « Le mauvais brouillard » du 15 décembre 1930, signale la lettre envoyée deux jours auparavant par le Bourgmestre de Hermalle au directeur de la Commission d'hygiène de la province de Liège pour faire état de la situation habituelle des habitants :

« Ces plaintes concernent d'abord, de façon générale, le tort causé à la santé des habitants, les ravages produits dans la végétation et les maladies occasionnées dans le bétail par les fumées et les émanations des diverses usines situées sur le territoire de notre commune ou voisine (sic) de celle-ci : fours à zinc des sociétés La Vieille et la Nouvelle Montagne, briqueterie et cimenterie Dumont-Wautier à la Mallieue, Hermalle et St Georges, produits chimiques à Engis.  Mais la présente requête vise avant tout la situation intolérable causée tous les jours, dans la matinée surtout par la société des fours à zinc de la Vieille montagne à Flône. [À ses abords] il s'agit […] de traverser sur une étendue de plusieurs centaines de mètres, un nuage opaque de fumée jaune, chargée de cendres qui brûle les yeux, oppresse la respiration, suscite une toux incoercible et va jusqu'à couper à certains moments la visibilité. […] Je conclus, Monsieur l'inspecteur en demandant, au nom de mes administrés et au nom de l'Administration communale […] qu'une enquête sérieuse et impartiale soit faite et que des mesures efficaces soient exigées des usiniers pour les obliger à annihiler ou tout au moins à amoindrir dans de très notables proportions les effets désastreux que les fumées et les émanations de leurs établissements causent à notre population. »

Cette catastrophe et la commission d'enquête ont induit la première étude scientifique au monde sur la mortalité et les maladies liées à la pollution de l'air. Le pathologiste liégeois Jacques Firket a dirigé une équipe de médecins, météorologues, toxicologues et chimistes qui ont déterminé que l'air froid saturé de toxines a été surplombé par une couche d'air plus chaude qui l'a piégé à une hauteur de 80 m. C'était le smog…

L'étude a conclu que

« Si les mêmes conditions se trouvent réunies, les mêmes accidents se reproduiront. (…) Si un désastre survenait à Londres dans des conditions analogues, on aurait à déplorer 3 179 morts immédiates. »

Et cela s'est reproduit : on attribue au brouillard de pollution qui a couvert Londres, du 5 au 9 décembre 1952, 12 000 morts « excédentaires » entre décembre 1952 et février 1953… [13]

Dans l'impossibilité où l'on se trouve d'empêcher le brouillard de se produire, l'effort demandé par les autorités va se porter sur le contrôle des émissions de gaz industriels, ce qui va prendre de nombreuses années ; en 1938, un parlementaire évoque encore à la Chambre les conditions dans lesquelles vit la population : obligation en certains endroits de « garantir les yeux » pour pouvoir circuler, obligation de vivre portes et fenêtres fermées sous peine de pouvoir en une heure à peine d'ouverture « avec le doigt, écrire votre nom sur les appuis des fenêtres, sur les parquets, sur les tables, sur les murs, partout », obligation de vivre dans cette atmosphère empoisonnée alors même que la plupart des mineurs souffrent de pneumoconioses contractées par le travail même dans les usines…

Près de l'entrée de la maison communale d'Engis, une sculpture de l'Engissois Paul Vandersleyen, installée en décembre 2000, commémore le drame environnemental de 1930 en évoquant une des toutes premières victimes engissoises, la jeune Louise Dams.

photo de la sculpture

L'inscription indique :
« Louise était jolie. Louise avait vingt ans. Elle revenait du bal. Elle était une enfant…
À la mémoire de la soixantaine de morts, jeunes et âgés d'Amay, d'Engis, de Flémalle et de Seraing,
victimes de l'accident atmosphérique de décembre 1930 dans la grande région engissoise.
Toute entreprise humaine, fût-elle industrielle, est susceptible de perfectionnement ! »

Question : pourquoi le choix d’une jeune femme nue pour symboliser Louise ? 
À peine arrivée de L!ège à Engis, elle a gravi péniblement les quelques centaines de mètres qui la séparaient de la maison familiale.  On l’a alitée, le médecin a fait « une piqure » pour la soulager des douleurs respiratoires. Du feu dans la poitrine. Il ne savaitit ce qui se passait mais a dû intervenir chez d’autres pour les mêmes symptômes.
À l’aube du vendredi, Louise est décédée comme beaucoup d’autres.
Elle n'a pas eu le temps de pleurer sur son sort !


Le Bourgmestre dont la lettre a été citée ci-dessus est Lambert Lepage depuis 1921.   

Le 1er janvier de cette année-là, un nouveau Conseil communal a été installé.
Pour la première fois, tous les citoyens mâles âgés de 21 ans ont pu participer aux élections, selon le principe « un homme, une voix ». Les socialistes ont obtenu la majorité.  Lambert Lepage a été nommé bourgmestre, avec autorisation exceptionnelle de continuer à exercer ses fonctions d'enseignant.


Lambert Lepage :

photo

Lambert, Louis, Léopold Lepage, frère ainé de Louis Lepage termine ses études diplômé de l'université de liège, docteur en philosophie et lettres.  
À l'âge de 23 ans, il entame sa carrière professorale à l'athénée de Thuin. Il exerce ensuite les fonctions de professeur à l'Athénée royal de Huy jusqu'en 1932 et reçoit la croix de chevalier de l'Ordre de Léopold.

En 1898, il a fondé la Mutuelle Saint-Lambert. Pendant la guerre 1914-18, il organise le ravitaillement de la population, crée la soupe scolaire et fait distribuer des petits pains. On lui décerne la médaille du Comité national.

Hermalle est la seule commune entre Liège et Huy qui ne dispose pas encore de l’électricité.
Lambert Lepage obtient le raccordement au réseau en 1922 ce qui est évidemment fêté.

photo de foule

En 1923, il transforme en écoles officielles les écoles adoptées des Potesta et crée de nouvelles classes maternelles et primaires, renouvelant le matériel scolaire et fournissant un caban imperméable à chaque enfant – ce qui est noté par un journaliste contemporain comme « une chose remarquable ».
L'inauguration des écoles et du kiosque de la place de Hermalle se déroule en 1929. (Pour l'histoire des écoles, lire la page dédiée.).

Avec des mandataires de communes voisines, il crée un Comité intercommunal des mieux doués avec dotation de bourses spéciales permettant aux enfants d'ouvriers de poursuivre leurs études, comité qui fonctionne jusqu'en 1928. À l'intention des enfants « débiles », il va organiser pendant plusieurs années des séjours à la mer. Il va aussi créer deux bibliothèques, l'une à Hermalle, l'autre dans le hameau de la Mallieue.

Il parvient à convaincre le ministre Ruzette de la nécessité de reconstruire le pont de Hermalle qui est ré-inauguré en 1924.

Il fait moderniser les routes du Tilleul, de la Héna, du Mabotte (? de Magotte ?), du pont et le chemin de Chaumont.  

Pour faire disparaitre les épidémies de typhus et de fièvre scarlatine, il fait canaliser les rigoles et fait passer un projet d'installation d'une distribution d'eau potable, dite « alimentaire » dans le village ; Le projet est accepté par la province suite à la demande du 13 octobre 1931.

L'arrivée de l'« eau alimentaire » est vécue comme un évènement d'importance ; chacun ne disposant pas d'un puits, il était fréquent que plusieurs voisins aillent s'alimenter dans une propriété visine privée – ainsi en était-il à la ferme castrale qui approvisionnait en eau de source, notamment, le curé du village.

Le nom de Lambert Lepage, en reconnaissance, va être donné au petit square qui fait face à la Maison communale et au milieu duquel se trouve le buste du « bienfaiteur », et aussi à une rue parallèle à l'actuelle chaussée Freddy Terwagne. 

photo de l'inauguration

L'année de sa mise à la retraite par limite d'âge, en 1932, Lambert Lepage perd son épouse et reste avec ses deux fillettes Marthe et Lisette.

N.B. La majorité de ces informations provient du discours funéraire de Monsieur Orban, reproduit dans un hebdomaire de la région Huy-Waremme paraissant le samedi, daté du 28 février 1938 et nous communiqué par monsieur Jean Mossoux.
La parenté entre Lambert et Louis Lepage a été établie par les recherches de monsieur Benoît Louis.
Nous les en remercions vivement.



En janvier 1941, l'hiver est si rude que la Meuse a gelé et qu'on peut la traverser à pied. 


La famille de Potesta - III :


En famille et dans le village, René de Potesta est jugé rigoureux voire difficile.
Il est fort bon tireur au tir aux pigeons ce qui l’amène à de fréquents voyages ; au retour de l'un d'eux, il ramène un Séquoia dendron giganteum, d'abord placé dans le potager, puis déplacé à l'aide d'une grue dans la drève, en façade nord de la Ferme castrale. Ce séquoia est répertorié arbre remarquable par la Région wallonne depuis 2000. Le parc compte aussi un orme classé, cité dans le livre des arbres remarquables de Belgique, un catalpa et un tulipier de Virginie. La propriété compte alors 600 hectares.

peinture : le château en 1938

J. Silvestre, Le Château de Hermalle-sous-Huy, 1938.

Durant la Deuxième Guerre mondiale, René de Potesta est membre actif de l'A.S., l’Armée Secrète, à l'État Major de la Région de Namur durant la Deuxième Guerre mondiale. Il est arrêté le 13 juin 1944 à Maredsous (Denée) avec des moines de l'Abbaye, dénoncé par un résistant qui avait été aussi un indicateur de la Gestapo caroloringienne.

Alie de Potesta, au désespoir, va pendant des années tenter de retrouver la trace de son époux René et finalement établir qu'il est détenu dans les prisons de Namur, Mons, Charleroi, puis transféré en Allemagne, d'abord à Buchenwald puis dans le kommando de Blankenburg-Klosterwerke lié au tristement célèbre camp de Dora.
Pendant 7 mois René de Potesta subit comme les autres la vie décrite par Lucien Defauw ; comme lui, il va devoir faire la marche forcée d'évacuation de 80 km jusqu'à Magdebourg puis être embarqué sur une péniche pour descendre vers Lubeck où grâce à Folke Bernadotte, la Croix-Rouge prend en charge les prisonniers qui ont réussi à survivre et les transfère en Suède.

René de Potesta est rapatrié le 5 ou le 6 juillet 1945.

Extrait de la Citation de l'Armée Secrète - 25 mars 1946 : (...) il se laisse torturer plutôt que de parler.  Bien plus, il risque de perdre sa dernière chance de sauver sa tête en prévenant à plusieurs reprises ses compagnons du danger qu'ils courent.

Son dénonciateur, Raoul Cassart, né à Ittre le 12 juillet 1904, est traduit en justice devant le Conseil de guerre à Namur, et René de Potesta y témoigne. Le procès dure plusieurs jours et l'auditeur requiert 20 ans d'emprisonnement contre Cassart en juin 1948 tandis que la défense plaide l'acquittement.  Le quotidien Vers l'Avenir y consacre plusieurs articles.  
C'est la Cour Militaire de Liège qui clôt ce dossier, infligeant à Cassart 15 ans de détention ordinaire et accordant le franc symbolique à la partie civile du baron de Potesta.


La fin de la guerre permet de remplacer les deux cloches (sur les trois que possédait l'église) que les soldats allemands avaient réquisitionnées pour les faire fondre et transformer en canons.

Deux dalles commémorent la mémoire des héros villageois des deux guerres mondiales, l'une placée lngtemps sur le côté de l'ancienne maison communale - rue Wérihet, puis déplacée sur le mur de l'église Saint-Martin pour cause de réaffectation du bâtiment communal,

photo de la plaque murale

l'autre contre l'église Saint-Martin - place des Combattants ; ce dernier monument a été déplacé vers le chevet de l'église lors de la rénovation de la place en 2013.

photo du monument en pierre bleue

Une troisième sur le mur d'enceinte du site castral – chaussée Freddy Terwagne – rappelle, sans ambages, le décès d'un résistant abattu par l'occupant allemand alors qu'il tentait d'échapper à la fouille de la Ferme castrale où il était réfugié.

texte : Ici tomba le Patriote Leclercq Jules lâchement assassiné par la gastapo 4 mars 1943


Mais rien ne rappelle l'action des résistants et plus particulièrement celle de deux jeunes femmes…



Onolinda Cunaccia :


Elle nait le 1er octobre 1909 à Wells Creek. P.a., Comté de Somerset, Pennsylvanie, d'un couple d'ouvriers italiens originaires de Pinzolo (Trente, Italie) et possède donc la nationalité américaine.
Elle a 16 ans quand la famille arrive d'Italie en Belgique et s'installe à Gives (Ben Ahin) où « Linda » va travailler au charbonnage. Trois ans plus tard, elle déménage avec ses parents à Dudelange (Grand Duché de Luxembourg) et devient servante.
Le 6 juillet 1929, elle épouse à St-Georges « Joseph » Giuseppe Gianni Ceol, de six ans plus âgé, arrivé en Belgique en 1924 et devenu Engissois depuis 1927. Le couple va vivre successivement à Engis, Amay, Saint-Georges. La Sûreté de l'État signale que Linda « parait honnête ». Elle ne travaille plus : Joseph a un bon salaire à l’usine de Flône.

photo de Linda

Le 25 avril 1936, la Gendarmerie contrôle les six participants à une réunion antifasciste à la maison du Peuple d’Engis. Parmi eux se trouvent Joseph et son cousin Lino Scarian, connu comme militant communiste. La Sûreté publique enquête sur l’ « attitude au point de vue politique de Joseph »…  Elle constate qu'il est absent des meetings ou manifestation subversive du canton, non abonné à un journal subversif,… mais qu'il reçoit quotidiennement la visite de Lino.

Celui-ci, persécuté par l'OVRA (Organisation faciste italienne de répression des anti-facistes), a émigré en France (1923) puis en Belgique (1924). 
Lino devient délégué des groupes de langue italienne au comité central du P.C.B., responsable local à Engis de la section italienne du Secours Rouge International. En 1936, la guerre civile éclate en Espagne et Lino s'engage car

« Ayant souffert depuis mon enfance, je ne pouvais pas être absent de la lutte du peuple espagnol pour le pain et la liberté menacée (...) En tant qu'ouvrier opprimé et amoureux de la liberté, je me suis précipité à son secours et j'ai été parmi les premiers internationaux à avoir pris les armes contre l'ennemi commun : le fascisme. »

En septembre 1936 Lino se bat dans le bataillon Garibaldi, combat sur tous les fronts de Madrid à Guadalajara où il est blessé. Plus tard, dans le 2e bataillon de la brigade Garibaldi, il est présent dans toutes les actions militaires du département. Blessé sur le front de l'Èbre (07-11-1938), il rentre en France en 1939 et est interné au camp de Gurs.  
Il est évident que la famille Céol a subi l'influence de Lino Scarian et fermement partagé ses idées.

Linda et Joseph adoptent José Miguel Berastegui, un des 5130 enfants abrités en Belgique pendant cette guerre. « Zio (oncle) José » – comme l'appellera la famille –, décèdera à Huy le 30 juillet 2006, âgé de 81 ans.

Le 11 janvier 1941, le couple déménage à Hermalle /s Huy, Rue Magotte 218, avec ses deux fillettes Gloria et Jeannine (nées en 1933 et 1936).
Linda a gardé sa nationalité américaine mais, sur le conseil de Camille Moisse, secrétaire communal hermallien de l'époque, se fait inscrire comme Italienne au registre de la population pour éviter des représailles des Allemands. La situation administrative aurait dû être rétablie une fois le danger écarté ; ce ne sera fait qu'en 1962 lorsqu'elle souhaitera revoir ses frères et sœurs aux USA.
La même année, le conseul italien signale que Lino a repris ses activités de résistance antifasciste. En fait, Lino sera reconnu résistant armé à partir du 1er juin 1940… la Belgique ayant été envahie le 10 août.

Les petites-filles de Linda, indépendamment l’une de l’autre, affirment que Linda était très taiseuse mais qu'« elle a sauvé le village ».  Elles sont certaines qu’elle a caché des Anglais et des Américains dans des galeries horizontales donnant sur le puits au fond du jardin – mais en 2021, il n’y a pas de puits… dans ce jardin de la rue Magotte.

poto de lino et Linda

1963 : Lino et Linda avec les petit-enfants
René (fils de Gloria), Chantal et Danièle (filles de Jeannine)


Deux certitudes :

1 - Elle a gardé un contact ininterrompu avec avec Lino Scarian, « ouvrier d’abattoir », domicilié à Hermalle-sous-Huy, reconnu résistant armé pour avoir
  • diffusé de la presse clandestine ; abrité un dépôt d’armes
  • brulé des champs de colza et de lin
  • participé à l’enlèvement des registres de la population à l’administration communale
  • hébergé des réfractaires et des résistants
  • aidé à l’évasion d’un prisonnier russe
  • été membre du Front de l’Indépendance, partisan armé III/1271
2 - En 1962, un document administratif relatif à la nationalité de Linda indiquait 

« (...) De plus CUNACCIA est décorée de la Médaille de la résistance belge lui décernée par Ar. Min. n°5384 en date du 17/9/1948. »

Pour quels faits ? On l’ignore toujours…

Le 30 novembre 1948, famille et enfants ont déménagé de la rue Wauters Hermalle à Amay, ch. de Liège. Joseph est décédé en 1960, Lino en 1975, Jeannine en 1980, Linda en ±1990…




Marie José Brasseur :


Marie José, Thérèse, Joséphine, Brasseur naît le 22 aout 1926 à Hermalle-sous-Huy.  Elle habite avec ses parents, Jules Joseph Brasseur et Marie Victorine Rasquin, rue d’Aux Houx 203 à Hermalle.  

À l’âge de 16 ans et demi, elle est déjà affiliée aux mouvements clandestins S.R.A., Association des Filiéristes et Aide aux Ailes Brisées Alliées.
Elle est membre actif du Service D, mouvement de résistance armée. Elle a fait partie du réseau Escape et de l’U.S.R.A. (Union des Services de Renseignement et d’Action).

Son père Jules est un résistant convaincu : il va héberger des résistants, des parachutistes anglais et des prisonniers évadés d'Allemagne, et fabriquer des fausses cartes d'identité, de travail et des timbres de ravitaillement que Marie-José transmet. Elle vend aussi des vignettes représentant des fusillés de la citadelle et des journaux clandestins (ex. Le Coq Wallon et L'Arc-en-ciel) à des Hermalliens et à quatre régentes à l‘École moyenne de Huy où elle se rend à vélo en tant qu’élève ; elle remet les sommes recueillies à son père.
De son propre aveu, Marie-José lui obéit lorsqu’elle conduit des français évadés, et des paras Anglais sur le chemin qui les mène à un réseau de prise en charge.
En 1948 : elle est reconnue résistante armée isolée (n’appartenant pas à un groupement).

En 1949, monitrice dans un home ONE de Comblain-au-Pont, elle introduit une demande de reconnaissance au titre de résistante civile et l’obtient.
La commission de contrôle de Liège fait appel pour lui refuser ce titre car le Commissaire de l'État J. Blanpain donne pour avis : 

« (…) En fait l'activité principale était l‘œuvre de son père mais occasionnellement elle a été chargée par celui-ci de conduire à une autre personne des hébergés par son père; elle a également remis sur les ordres de son père des timbres et cartes d'identité, etc. à des gens qu'elle ne connaissait pas personnellement. Les faits sont attestés par (…)
Quoi qu'il en soit j'estime que pour louable et méritoire qu'elle ait été, cette activité ne peut valoir le titre de Résistant Civil. ».

 
Et le titre lui est retiré !

En fait, elle a trop minimisé son action : diverses attestations, dont la première date de 1942 !, indiquent
  • qu’elle servait aussi d’agent de renseignement,
  • qu’elle a apporté une aide précieuse aux prisonniers français évadés jusqu’à la Libération (daté 1947),
  • qu’elle a mis en lieu sûr des personnes hébergées lors de perquisition allemandes,
  • qu’elle a transporté depuis le dépôt du domicile hermallien, de 1943 à la Libération, des armes et des munitions nécessaires à l’A.S., à l’A.Lib., aux Partisans Armés et au 1er régiment du M.P. du Front de l'Indépendance, secteur Huy-Waremme (daté 1947),
  • qu’elle a fourni des vêtements civils à des prisonniers russes cachés au Bas-Bois (daté 1953).
Elle va en appel ; une enquête s’en suit (avec des questions pointues auxquelles il doit être difficile de répondre 10 ans après les faits, d’autant que le secret et le compartimentage étaient des impératifs de sécurité…) et, le 14 novembre 1953, elle obtient le « droit au titre de Résistant civil » pour la période du 31 mars 1943 au 8 septembre 1944.

Pour sa qualité de résistante armée, il y a aussi eu révision et cette qualité a été maintenue pour les actes
  • pilotage d'aviateurs - prisonniers évadés (Français et Russes)
  • placement et aide aux réfractaires
  • diffusion de la presse clandestine
  • membre réseau Escapé : carte n° 306
  • membre U.S.R.A. - carte n° 782

Elle était alors mariée à Joseph Lomba et habitait à Seraing.

photo de Marie josé

Elle épousera en secondes noces Jean Del Bel Belluz qui nous a permis, en 2014, de photographier ses médailles.

les médailles

De gauche à droite : médaille « 1940 1944 Association nationale des filiéristes passeurs d’hommes de Belgique » ;
médaille de la Résistance armée « 1940 Resistere 1945 »  ; médaille de l’Union de la Résistance et Jeunesse patriotique belge « Résistance belge 1940-1944 », avec étoile en agrafe sur le ruban rouge et noir ;
médaille commémorative de la guerre 1940-1945  avec petite agrafe au ruban,
en forme de sabres croisés indiquant le service au combat en 1940 ou dans la Résistance armée.



Quasiment personne, même parmi les anciens de Hermalle, ne se souvient de ces courageuses jeunes femmes en 2020.

Certains n'ont découvert la qualité de résistante de Marie José qu'à son décès, son deuxième époux ayant fait placer les médailles sur le cercueil.
Pour Linda, il n'y a plus que la pauvre parole de ses petites-filles.

Quatre autres femmes ont aussi été résistantes mais nous ne connaissons que les noms de Jeanne Derwael l'infirmière, de Laure Charlier l'épouse du garde-champêtre Vandeweghe, Isabelle Massart-Leroux... Rien sur leur vie. Merci pour vos compléments d'information !

Côté masculin, pour Hermalle et Engis, sont restés en mémoire soit par la parole des anciens, soit par la presse, soit par des photos et documents divers, soit par le nom de rues les patronymes des combattants résistants René de Potesta, Louis Dispas, Pierre Servais, Victor Bourguignon, Renier Baldewijns qui dirigeait le réseau local du Front de l’Indépendance. Alphonse Lecarte, chef de section de l’Armée secrète, et Nicolas Lhomme qui décéda le 30 mars 1945 dans le camp de concentration d’Ellrich.
Et encore Roger Ancia qui fut emprisonné à la citadelle de Liège avec Émile Dehin, le chef de réseau local du Front de l’Indépendance. Gaston Libert le fils du batelier, et René Dengis engagé volontaire à 18 ans aux chasseurs ardennais, René Boneux et Raoul Mossoux qui transportait des journaux clandestins et des marchandises pour les réfractaires de la commune d’Antheit dans le camion de la coopérative…
Il faut aussi se rappeler Georges Longrée qu’on a longtemps considéré comme un traitre alors qu'il accomplit de très nombreux actes de résistance et entra finalement dans la Gestapo avec l'intention de jouer un double jeu. Soupçonné et dénoncé par un de ses nouveaux collègues, il fut arrêté le 18 aout, torturé, incarcéré à la citadelle, condamné à mort et exécuté d'une rafale de mitraillette.


Dans un tout autre domaine, rien ne rappelle non plus que les rails de la 4e ligne de tramways ouverte par la Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux (SNCV)  le 25 octobre 1913 entre Engis (gare) et Dammartin ont été démontés par l'occupant allemand en 1916 et réutilisés sur les chemins de fer militaires du front de l'Yser… 
Cette ligne fut reconstruite en 1923 et, n'étant utilisée que par peu de gens, fut supprimée en 1932 au profit des autobus ; comme le nombre de ceux-ci fut fortement réduit pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle retrouva du service pendant quelques années - jusqu'au 19 mars 1950.  Il en reste quelques rails place des Déportés et des Réfractaires…

les rails devant la gare

Il ne reste rien, par contre, des câbles électriques qui permettaient le roulage des trolleybus (autobus à traction électrique dont le moteur reçoit le courant des câbles aériens conducteurs, les caténaires, par l'intermédiaire d'une perche mobile). Une ligne de la RELSE (Société Anonyme des Railways économiques de Liège-Seraing et extensions) a pourtant existé… Elle devait prolonger la liaison électrique Seraing-Ivoz jusqu'à la Mallieue et ce projet avait été approuvé par arrêté royal le 26 mars 1938.
Mais la guerre a modifié les plans : le pont-barrage d'Ivoz-Ramet étant détruit, la jonction du tronçon de la rive droite avec Flémalle n'est plus possible. Flémalle-Haute (passage à niveau)-Engis, ouverte le 5 janvier 1942, reste donc isolée du reste du réseau ; parqués au dépôt de Jemeppe, ses trolleys bi-mode arrivent à la tête de ligne de Flémalle grâce à la ligne de tramway et à leurs batteries qui permettent la très longue traversée du passage à niveau de Flémalle. Bien que prolongée jusqu'à la Mallieue le 5 janvier 1943 par un arrêté du Collège des Secrétaires généraux (qui fut confirmé le 11 février 1946 par un arrêté du Régent), l'exploitation de la ligne ne devient régulière qu'en octobre 1945 car la libération de Liège et le transit des convois alliés participent, autant que la pénurie de pneus et les restrictions d'électricité, à de nombreuses perturbations.
L'unification des tronçons des deux rives formant un trajet de 12 kilomètres[Lambou] se fait le 10 mars 1948, après la reconstruction du pont-barrage mais la section vers la Mallieue n'est constituée que d'une ligne, pour des raisons d'économie, et cela impose des changements de polarité et des déplacements de perches au personnel. Jusqu'aux années 1960, le départ vers la Mallieue se fait à chaque heure 47. Le 31 aout 1963, la ligne de trolley est arrêtée et remplacée par un service d'autobus ; les câbles, démontés l'année suivante, vont être largement réutilisés pour l'aménagement du tram vert au nouveau pont de Seraing[Godeaux].

Édouard Vandeweghe est nommé bourgmestre de Hermalle en 1946 ; bourgmestre fort actif et apprécié, il va être réélu pour la législature 1952-1958. La cité d'habitations sociales construite au début des années 1960 porte son nom.

La population s'enrichit d'étrangers, et notamment d'Italiens. 
La reconstruction du pays après la Deuxième Guerre mondiale nécessitant une importante main d'œuvre, un protocole a été signé en 1946 entre la Belgique et l'Italie, garantissant des livraisons de charbon contre… 50 000 travailleurs que le gouvernement belge s'engage à loger et à payer décemment. Nous avons trouvé le témoignage d'un enfant d'immigré [14] :

« Au début de 1947, la famille Barcaro vit à Vicenza, près de Venise. Le père, maçon fumiste - donc capable de travailler dans les fours à chaux –, a vent de la possibilité d'aller travailler en Belgique, en échange d'un bon salaire. Voyant là une solution à la misère, il décide de tenter le coup. Il signe un contrat avec la carrière des fours à chaux à Hermalle-sous-Huy et part seul au mois de février. Puis revient chercher femme et enfants en octobre.
Armando, cadet de la famille, a alors 4 ans. Il se rappelle…
«On était rassemblé sur le quai numéro 6 à la gare de Milano Centrale. On a voyagé dans des wagons en bois qui servaient au transport des troupes pendant la guerre 14-18. On a changé plusieurs fois de trains, notamment en Suisse. Puis on est arrivé à Liège Guillemins. La rame de wagons a été rattachée à un train de marchandises, jusque Hermalle-sous-Huy, où on est arrivé dans une gare de triage après un voyage de plus de 20 heures.»
La première nuit, les Barcaro seront logés par une famille amie, aussi originaire de Vicenza. Le lendemain, ils s'installent dans la «maison» qui leur a été attribuée par la carrière où travaille le papa. Il s'agit d'une maison de quatre pièces au rez-de-chaussée et quatre pièces à l'étage… à partager à deux familles!  Les Barcaro s'installeront à l'étage.
Il n'y a pas de WC : le papa a lui-même creusé la feuillée au fond du jardin !
Un robinet et un poêle seront les seuls éléments de confort.
L'art de la débrouille, un peu de braconnage et de chapardage sont indispensables pour tenir le coup et manger à sa faim.
Par contre, dès leur arrivée, les enfants sont scolarisés et suivis, au niveau de la santé, par la Croix- Rouge de Belgique. Armando, anémique, sera d'ailleurs soigné pendant quelques temps dans un centre à Dolhain.
Le dimanche, les familles italiennes se réunissent à la Cantina, où les femmes discutent et les hommes jouent aux boules autour de charcuteries ou d'une pizza typiquement de là-bas… Deux ans plus tard, la famille s'installe à Engis, dans une petite maison unifamiliale avec un jardin, appartenant toujours à la carrière. »

Au centre de Hermalle, le cimetière emmuré qui longeait les deux flancs de l'église est réduit de moitié : sa partie sud, rasée, devient la place des Combattants, et la « place de l'église » (au nord de l'autre partie, le long de la Gerée), où se réunissaient les villageois et où jouaient les enfants, perd son attrait public.

Quand je revois cette chère petite place déserte,
Je ressens comme un malaise, une espèce d’angoisse.
Son grand calme actuel me pèse sur le cœur
Quand on a connu naguère, tant de bruit et d’ardeur.

Tout gamin, la place était le privilège de nos ébats.
Elle a connu toutes nos prouesses et nos heureux exploits.
Le talus offrait une belle glissade en face du presbytère.
Notre souci, retrouver la balle dans le vieux cimetière.

Le soir nous rentrions parfois tout penaud [sic].
Lorsque nous marchions, le sabot donnait un son faux.
Le dribling trop rude avait créé l’accident ;
Remontrances, et petit cercle, servaient de renforcement.

La ruelle de l’Eglise était propice pour jouer des farces.
Avec une betterave, OSCAR, ce truculent comparse,
Avait fabriqué une tête de mort éclairée par une bougie.
Vue par dessus le mur, le passant RAPHAEL frisa l’apoplexie.

Le jeu de la cachette nous intéressait en particulier
Les murs, les véhicules, tout obstacle devenait un allié
Découvert, un sprint effréné désignait le gagnant ;
Nous avons battu des records, mais le chrono était absent.

Nous étions témoins des activités des fermes du château.

Dès l’aube, c’était le vacarme pour le repas des animaux.
Mélodie champêtre, piaffement et beuglement du bétail.
Pour les travaux, on apprêtait tout l’attirail.

photo des chevaux

Attelage dans la cour de la Ferme castrale. Nous remercions l'auteur de cette photo de se faire connaitre.

La sortie des chevaux était un spectacle inoubliable ;
Tête fière, crinière lissée, leur beauté était remarquable.
Dans le frimas du matin, la buée sortant de leurs naseaux
S’élevait vers le ciel en petits nuages de vapeur d’eau.

La saison des pâquerettes retrouvera le troupeau dans le pré.
Pour la traite, les vaches rentreront avec le vacher.
Assises sur un tabouret, les trayeuses collées à la panse
En rayons croisés, tireront le lait en abondance.

La rentrée des moissons nécessitait un nombreux personnel.
Sous le porche, la perte de gerbes était traditionnelle.
Les bras manieront la fourche pour la mise en place,
Un chardon mal placé décochera à l’entasseur une grimace.

Eh oui, bien sûr, c’était le temps de notre jeunesse.
Les décades ont passé amenant une certaine richesse.
L’affirmation n’empêche pas le droit de rêver,
Détruisons le moderne et les jeunes pourront travailler.

La petite place si déserte à présent me fait mal au cœur.
Pareil à la démolition de Flône, me donne la rancœur.
Le temps passé était difficile mais il faisait bon vivre ;
Epoque d’heureux souvenirs, tu m’enivres.

Gustave Séverin, Souvenirs (La place de l'église)



La famille de Potesta - IV :


L'épouse de René de Potesta, Amélie Paule Marie de Meeus dite «  Alie », décède le 1er septembre 1971 ; le corps - visage maquillé, ongles vernis -, revêtu d'une belle robe, est exposé dans le hall du château pour que les villageois puissent rendre hommage et garder encore un souvenir de cette femme d'une grande beauté et d'une extrême gentillesse.

Le 25 juin 1977, René meurt à son tour et laisse le domaine en indivision entre les enfants qu'il a eu de son épouse :
  • Hélène Emma Henriette Marie Ghislaine, 1922 - 2011 (qui épouse l'aviateur Léon Marie Joseph Yves Ghislain Benoit Baron de Villenfagne de Vogelsancx),
  • Anne Marie Claire Ghislaine, 1923 - 2000 (qui se marie avec Jean André Marie Joseph Ghislain Baron de Bassompierre, ambassadeur honoraire du Roi des Belges)
  • Charles Édouard René Marie Ghislain de Potesta, 6 juin 1925-27 avril 2015, marié le 20 Mars 1948 avec Nicole Marie Thérèse de Gaiffier d’Hestroy, puis le 27 aout 1992 avec Nicolle Motte.

Charles Édouard René Marie Ghislain de Potesta, dit Charly, va habiter au château de Hermalle avec son épouse Nicole de Gaiffier d’Hestroy jusqu'en 1933, date où il s'installe dans une propriété d'Annevoie qui lui vient de sa mère, car la cohabitation d'un jeune couple dans la demeure familiale régie par un père autoritaire n'est pas toujours aisée.

menu du repas

Menu du repas offert à Charles de Potesta à la ferme Wéry coll. BMG M-III 0266

Charles s'occupe des fermes qui dépendent du château, d'abord de 1947 à 1954 en association avec un monsieur Romedenne, dont on dit qu'il s'est livré au marché noir durant la guerre - la nuit, des charriots quittaient la ferme, tirés par des chevaux dont les sabots étaient emmaillotés de linges - ce qui débouche sur un procès –, puis seul (et même après son installation à Annevoie).

Cultivant lui-même, Charles de Potesta fait construire vers 1950, sur l’idée de son père, dans les écuries de l’aile ouest de la Ferme qui avaient abrité une vingtaine de chevaux, une dalle en béton armé pour faciliter le pelletage à partir du chariot. La modification d'une baie que cela implique sera corrigée dans les années 1990.
La demi-tourelle mitoyenne à l'avant-cour du château et à la bassecour de la ferme sert de chenil.

Dans un autre poème, Gustave Séverin a écrit :

Chère Gérée, les chevaux t’ont quittée, c’est dommage ;
Les moteurs te [sic] remplacent, ils travaillent davantage.
L’ancienne méthode était pourtant courage et passion,
Ces machines à chômeurs méritent quelques réflexions.

Pourtant, malgré la mécanisation, l'activité agricole générée par le château diminue dans les années 1970.
En cause, pour une grande part au moins, les expropriations prévues dès 1967 et réalisées pour la construction de la nationale 90 à quatre bandes qui coupe le village de ses campagnes mosanes et pour l'ouverture d'un parc industriel dans cette zone. Dans un premier temps, la culture reste possible mais d'une année à l'autre l'entrepreneur agricole peut voir la superficie cultivable fortement réduite.

Charles Édouard René Marie Ghislain de Potesta et Nicole Marie Thérèse de Gaiffier d’Hestroy ont eu 2 filles et deux fils :
  • Isabelle Marie Ghislaine, née le 23 janvier 1958 à Huy, qui épouse Jorgé-Enrique Carmona le 10 octobre 1986 à Arequipa (Pérou) ;
  • Doris Amélie, née le 15 avrril 1949, qui épouse Bernard de Thomaz de Bossierre, puis Didier Piers de Raveschoot ;
  • Jean Louis René de Potesta, né le 8 février 1951 à Liège, baron, qui épouse la princesse Sophie de Hohenberg
  • Philippe Paul Guy de Potesta, né le 5 juillet 1954 à Liège, écuyer, qui épouse Nathalie Raphaëlle Camille baronne de Tornaco.

Philippe Paul Guy de Potesta
Aucun projet de rentabilisation des bâtiments (transformation en centre de détente et de loisirs ou en maison de repos…) n'a abouti. Philippe Paul Guy de Potesta continue l'activité agricole mais dans les mêmes conditions que son père.  
Il rachète le château qui était toujours en indivision mais ne le garde que peu de temps.
Après la vente de la ferme aux deux tours, après celle de la Ferme castrale, il vend le château en 1992 à Geoffroy de Jamblinne de Meux qui le remet sur le marché immobilier deux ans plus tard.

Le château, séparé de sa ferme castrale, n'est plus propriété d'aucune famille noble.



Le moulin hydraulique de Hermalle a cessé de travailler, semble-t-il, dans les années 1960, tandis que ses deux plus proches voisins ombrésois continueront de produire jusqu’en 1991-1992 de la farine panifiable mais aussi de la farine et des aliments pour le bétail et même des engrais.  Faute d’un entretien que l’activité commerciale n’impose plus, le bâtiment et le mécanisme se délabrent ; la végétation envahit la roue, difficile d’accès et donc pénible à nettoyer, une meule en pierre disparait, et il va être nécessaire d’étançonner la charpente pour éviter son effondrement.  L’axe de la roue, une grosse partie des engrenages et les trémies restent cependant en place. À front de rue, une annexe de stockage du XIXe siècle, sans intérêt architectural, va être démolie en 2009.

L'espace bâti s'accroit de part et d'autre du centre ancien, tout au long de la chaussée principale, et grignote peu à peu le contrefort du plateau condruzien en direction de Clermont-sous-Huy, sans trop de cohésion quant aux matériaux, plans et types de bâtiment.

photo

Panorama du centre de Hermalle vu du sud. Décembre 1992.
Au centre les tours du château.  À l'arrière la découpe de la colline causée par l'exploitation d'une carrière.


La comparaison entre le nombre de commerces à 50 ans d'intervalle indique clairement dans la seconde partie du siècle la modification de l'activité économique du village, sans nul doute due à la construction, dans les années 1980, de la voie express N90 qui allège fortement le charroi automobile… et prive les petits commerces de chalands, mais aussi à l'installation des « grandes surfaces » d'Amay, Engis, Huy, Jemeppe et à la modification des habitudes de consommation qui entraine la clientèle locale à délaisser les petits fournisseurs.

Les villageois ont trouvé emploi dans l'industrie et les services. L'agriculteur est devenu minorité.


Le 1er janvier 1977, Hermalle-sous-Huy « disparait » sur le plan administratif : la fusion des communes décidée par le gouvernement belge réduit son territoire (la Mallieue [15], partie située sur la rive droite de la Meuse passe à la commune de Saint-Georges qui devient Saint-Georges-sur-Meuse) et l'englobe avec l'ancienne commune de Clermont-sous-Huy et une partie de Éhein dans l'entité d'Engis dont Vicky Albert est le bourgmestre socialiste.  La superficie de la nouvelle commune est de 27,7 km2 ; elle va être jumelée avec la ville française Ribécourt-Dreslincourt, dans l'Oise, le 22 septembre 1980.



Le village d'Engis, où se trouve centralisée l'administration, est situé sur la rive droite, à 4 km en aval de Hermalle ; il n'y a pas de moyen de transport en commun direct entre le centre des deux villages ; le préfixe téléphonique est différent (donc le tarif plus élevé) et, surtout, les villageois n'ont ni la même mentalité, ni la même culture.
Pendant plus de 20 ans, les Hermalliens se sentiront frustrés et quelque peu négligés. Leurs anciennes archives officielles ne sont plus accessibles pour diverses raisons ; ils ont parfois l'impression que leur passé leur échappe.
Fin des années 2000, malgré de nombreux efforts – notamment des animateurs du Centre culturel –, l'intégration des deux populations n'est toujours pas réalisée.
Malgré plusieurs demandes depuis 1994, il n'existe toujours pas aujourd'hui, à Engis, de signalisation routière qui indique Hermalle et les automobilistes qui ne connaissent pas la région peuvent facilement tourner en rond pendant 20 kilomètres pour trouver Hermalle si par malheur ils se sont d'abord rendus à Engis…

La fusion des communes a offert à Saint-Georges s/ Meuse la gare de Hermalle qui est fermée au public en 1993. Il faut donc se rendre à Engis par le seul bus qui passe dans Hermalle, une fois l'heure, et s'arrête au pont d'Engis, rive droite, puis traverser la pied le pont et monter jusqu'à la gare pour prendre l'omnibus.
Mais en 1994, la SNCB ferme les guichets d’Engis… et la salle d’attente, ne laissant aux voyageurs qu’un abri transparent, sans siège, sur chaque quai. Le souterrain remplaçant l'ancien passage à niveau pour l’accès à la voie 2 est en piteux état, le parking latéral n’a de parking que le nom, la gare elle-même n’est plus qu’un lieu de stockage pour quelques services de la SNCB, l’information manque. La zone d’habitat environnante s’est dégradée, la place où se tenait la fête se meurt…  On comprend que les Hermalliens préfèrent rejoindre Huy par ce même bus qui les dépose à côté d'une gare moderne et fonctionnelle. Ils y perdent 5 minutes mais y gagnent en confort.

En 1991, la Ferme castrale a repris vie avec une nouvelle affectation basée sur la culture et le tourisme.  Le château est devenu l'année suivante propriété de la famille de Jamblinne de Meux, puis deux ans plus tard d'une société de cinéma publicitaire pour l'industrie.

En 1993, on procède à la réfection du pont de Hermalle : l'accroissement du trafic et, surtout, du passage de nombreux camions de fort tonnage l'impose.

L'hiver de cette année-là amène une crue importante de la Meuse et des inondations dans la vallée. Le centre de Hermalle, plus élevé de niveau, n'est pas touché à l'encontre d'Amay où 73 dossiers sont introduits auprès du Fonds des calamités.  Il en va de même l'année suivante.

L'eau envahissant le bas de la rue du Pont

1993 : la Meuse déborde, envahit le bas de la rue du pont.
Quelques mètres au nord du poteau de signalisation, la ridelle qui marque le bord du 
chemin de halage n'est plus visible.


Et au XXIe siècle... lire la suite



Notes  flèche


[13]  Informations plus détailléesflèche

[14]  Dans http://www.soumagne.beflèche

[15] Mallieue du latin leuca mala, mauvaise portion de chemin.  Ce nom est déjà cité dans le Cantatorium de Saint-Hubert (première moitié du XIIe siècle) : In leuga quae dicitur Mala inter Hoïum et Leodiumflèche

















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Asbl Syndicat d'Initiative d'Hermalle-sous-Huy (La Rawète) dans la Ferme Castrale de Hermalle-sous-Huy