Histoire
Nota bene : étant donné l'importance
des
informations existant sur Hermalle, cette page a
été
scindée, en mai 2013, en plusieurs autres pour faciliter le
chargement et votre lecture :
Le sommaire ci-dessous vous permet d'accéder directement
à la période, aux bâtiments ou aux
familles
seigneuriales qui vous intéressent plus
particulièrement.
Toponymie
Le village est cité dès 779 sous le nom de Harimala.
Plusieurs étymologies sont avancées :
- du teuton hari
(armée) et du thiois [1]
mael
(moulin ou tribunal) ou mallum
(terre pour le rassemblement des
troupes),
- du germain mathla
(assemblée, tribunal)
et du germain harja
(armée)
- de la déesse germanique de la guerre
Harimella.
Harimella
est
une
déesse germanique de la stratégie et de la
tactique dont
subsiste pour unique souvenir une Pierre de consécration
(pierre
votive) trouvée dans la zone du temple du fort
romain de
Blatobulgium/Birrens qui était un fort
d’avant-poste du
mur d’Hadrien. Ce mur de ± 120 km,
construit en
122-127 après J.-C., a constitué jusqu'au V e
siècle la frontière nord de l’empire
romain en
Angleterre.
Ce fort fut construit par des légionnaires de la cohors II Tungroreum…
venant du pays des Tongres.
La pierre porte l'inscription
DEAE
HARIMELLAE SACRUM
GAMIDIAHUS
ARCHITECTUS
VOTUM
SOLVIT
LIBENS
MERITO
Traduction
: Offrande
à la déesse Harimella.
Gamidiahus,
architecte / trésorier / gardien des armements ?,
s'est acquitté de
son vœu, de bon gré, comme il se doit.
Et les scientifiques s’accordent à dire que le
donateur se
réfère à une déesse
qu’il a
adorée dans sa région d’origine.
|
Le nom évolue (en 947 Harimalla,
en 1131 Harmala),
jusqu'à
devenir en 1524 Hermal
devant
Floene ou Hermal
devant
Floene Saint Martin ; c'est simplement Hermal
qui est
mentionné sur les cartes Namurcum
comitatus de Johannes Surhonius en 1579, Luttich de Abraham
Ortelius
(Anvers, 1612) et sur la Carte
des
Pays-bas autrichiens de Joseph de Ferraris
(publiée entre 1770
et 1778).
Ces appellations
disparaissent dès 1800 au profit de Hermalle-sous-Huy,
qui
signifie « Hermalle en aval de Huy ».
La consonne initiale du nom Hermalle est est une h aspirée
car provenant du wallon Hèrmåle-dizo-Hu
; il
faut donc dire et écrire par exemple :
« le village de
Hermalle-sous-Huy » et non
« le village d'Hermalle-sous-Huy
».
L'élision, cependant, figure dans certains textes. Elle fut
aussi introduite dans le patronyme de Charles-Nicolas-Joseph
Warzée lorsqu'en 1817, il obtint de Guillaume Ier
des Pays-Bas la concession d'un titre de noblesse et devint le baron de
Warzée d'Hermalle.
Au Moyen Âge, le blason de Hermalle était
« de sable aux 6 fleurs de lys d'argent ». [2]
Le
cri
était « Donmartin ! ».

Sceau de Hermalle |

Schéma du blason de Hermalle |
Histoire
Préhistoire

Les premières traces d'occupation humaine de la
région sont celles de l'Homme de Néanderthal [2-2]
(250.000
à 25.000 ans avant J.-C.).
On
aurait dû d'ailleurs l'appeler l' Homme
d'Engis car
dès 1830 deux crânes, des vestiges de squelettes
humains et animaux (tels que le mammouth ou le rhinocéros
laineux) et des outils de cette époque furent
trouvés dans les grottes d'Engis et de Engihoul par le
Docteur Philippe-Charles Schmerling.
La découverte de l'Homme de Néanderthal est
postérieure : elle date de 1856, et celle de l'Homme de Spy
de 1886.
L'originalité de Schmerling fut de déduire de ses
trouvailles que «
les
ossemens humains ont été ensevelis
à la même époque et par la
même cause que ceux des restes des races [animales]
éteintes. »
La paléontologie humaine était née
mais nul ne le
savait… À l'époque,
la
théorie
communément admise quant à l'apparition de
l'homme
était celle de la Genèse
: création du monde en 6 jours, par Dieu, il y a quelques 6
000
ans.
L'existence d'un homme fossile habitant sur terre avant le Déluge
ne fut donc pas directement admise.
|

Philippe-Charles Schmerling
(1790-1836)
considéré aujourd'hui comme le
père de la paléonthologie humaine
|
On a longtemps représenté cet homme comme une
sous-espèce de l'Homo
sapiens, se présentant comme un
bipède imparfait, aux jambes fléchies et aux bras
projetés vers l'avant, au crâne volumineux et
allongé, au front fuyant avec d'énormes arcades
sourcilières, taillant la pierre, vivant dans un climat
froid et humide.
On considère aujourd'hui qu'il s'agit d'une
espèce différente, descendant comme Homo
sapiens de l'Homo
erectus,
et on
lui reconnait capacités intellectuelles et
traditions culturelles. [3]
À Hermalle-sous-Huy même, des fouilles ont
révélé la présence de
l'homme depuis le paléolithique moyen au lieu-dit Thier d'Olne
où des haches, grattoirs et silex taillés ont
été retrouvés.
Protohistoire

Entre 800 et 400 av. J-C. (premier Âge du Fer,
période de Hallstatt), la
« campagne de Gerée » était
occupée par des Celtes ; il en reste 150 structures
révélées par l'évaluation
archéologique systématique entamée en
2003 dans le parc d'activités industrielles par
l’asbl « Les Chercheurs de la Wallonie
», et poursuivie sur 2,5 ha, jusqu'au 16 août 2006,
par le Service de l’Archéologie (Direction de
Liège 1) et la Direction de
l’Archéologie du Ministère de la
Région wallonne… qui ont retrouvé en
outre un
millier de vestiges gallo-romains. [4]
En
bleu : la Meuse – parties grises : zones de fouilles
– lignes brunes : voies de l'époque gallo-romaine
point rouge : château de Hermalle et ferme castrale
– lignes blanches : réseau routier actuel.
Ces fouilles permettent d'affirmer l'existence de deux grands habitats
à la période de Halstatt :
«
De l’occupation protohistorique subsistent des fosses
d’extraction d’argile et les plans de plusieurs
constructions, telles que des greniers et, fait exceptionnel en
Wallonie, deux grandes maisons sur poteaux. Les
témoins matériels de la vie quotidienne sont
représentés par des céramiques et
divers ustensiles (cuillères en terre cuite,
fusaïoles…). »
À cette époque existe encore à
Hermalle une forêt mixte tempérée
(d'érables, hêtres, pins, bouleaux, aulnes,
noisetiers) dominée par le chêne et surtout par le
tilleul – fait peu courant dans nos régions
– qui occupent l'espace jusqu'à la Meuse.
Quelques zones ont été
défrichées. On les utilise comme
pâturages ; ce sont des prairies humides où
poussent laiche (plante à feuilles souvent coupantes et dont
les fleurs sont des épis) et filipendules (comme la
reine-des-prés, plante mellifère aux
propriétés anti-inflammatoire,
diurétique, sudorifique, astringente, tonique,
antispasmodique, cicatrisante, antalgique et digestive).
D'autres espaces servent à la
céréaliculture (à raison 4
à 6 % du total des zones
défrichées). Les Celtes y cultivent le
millet, l'épeautre (cérale proche du
blé), l'amidonnier (blé), l'orge, l'avoine, le
seigle et l'engrain.
L'examen carpologique [5]
de restes de plantes carbonisées trouvées sur le
site devrait peut-être permettre de déterminer
sous quelle
forme, galette ou bouillie, les habitants consommaient le millet.
On a également découvert à partir de
2007, sur le Thier
d'Olne, colline triangulaire qui domine la Meuse
à la
jonction des communes de Hermalle et Ombret, aux versants abrupts mais
terminée par un plateau assez horizontal de quelque 6 ha,
les
vestiges d'une importante enceinte datant probablement de La
Tène finale (circa 260 à 50 av. J.-C.) et
composée
de deux remparts,
l'un de 2 m de haut sur 12 m de large
édifié en blocs de grès à
contresens de la
pente naturelle de la butte, l'autre placé en contrebas de
8,5 m
de 1 m de haut sur 3,5 m de large. L'ensemble laisse penser qu'il
s'agissait d'une fortification au tracé
géométrique régulier. [Witvrouw-Gava-Déser]
Ce Thiers d'Olne de Hermalle-sous-Huy, qui jouxte le gué dit
d'Ombret, contrôle le passage de la Meuse entre le Condroz
occupé par les Condruzes et la Hesbaye, terre des
Éburons
dont le chef Ambiorix inflige à César la plus
importante
défaite de la Guerre des Gaules en 54 av. J.-C.
Cela
n'empêche pas l'envahisseur romain de s'imposer dans nos
régions et d'y écrire l'histoire.
À l'époque, le fleuve, d'une centaine de
mètres de
large, présente une profondeur de 1,80 m et le chenal
navigable
sinue entre les iles et les bancs de gravier.
Les Romains y construisent vers 54 après J.-C. un pont de
bois
sur des pieux de chêne enfoncés obliquement dans
le lit du
fleuve et doublés de pieux en contreforts pour assurer un
transit plus aisé des armées,
véhicules et usagers
de tous genres qui suivent la voie romaine Metz-Arlon-Tongres. Ce pont
servira jusqu'à la fin du IVe
siècle, voire peut-être jusqu'au milieu du Ve
siècle. Les « ponts d'Ombret » suivants
seront
construits légèrement en aval de l'ancien pont
romain.
Le Thier d'Olne, dont le vaste affleurement shisteux du flanc ouest
a été dégagé lors de la
création de
la route nationale 90, a connu aussi une occupation gallo-romaine,
mérovingienne et carolingienne (lire la page dédiée au
Thier d'Olne).
Au cours de l'époque gallo-romaine (de 57 av. J.-C.
à 486 ap. J.-C.), la
déforestation s'intensifie
et le tilleul se raréfie ; chênes et
hêtres deviennent alors les plus abondants.
Époque
gallo-romaine 
Aux Ier et IIe
siècles, les habitants ajoutent
l'industrie à l'agriculture.
Durant les années 1970, Thomas Delarue, du Cercle
archéologique Hesbaye-Condroz, avait trouvé deux
fours de
tuilier
dans la campagne de Gerée. L'un d'eux
possédait une
chambre de chauffe carrée de ± 4,50 m. La sole
était préservée par un
système de
voûte.
La production du tuilier, marquée QVA, s'est vendue de part
et
d'autre de la Meuse – approximativement de Saint-Trond
à
Durbuy – mais ses briques et tuiles, transportées
par
bateau sur la Meuse et la Sambre, ont aussi atteint Bavay où
32
d'entre elles ont été utilisées pour
la 2e phase de
construction du grand forum (l'un des plus grands dans les Gaules).
Zone de production des QVA d'après
Xavier Deru et Christine Louvion,
Les
techniques de
construction du seond forum de Bavay (Nord) : utilisation, origine et
datation des matériaux en terre cuite
© https://journals.openedition.org/gallia/4942
Il résulte
des nouvelles fouilles entreprises en 2003-2006 que la tuilerie
constituait une véritable
industrie :
«
L’atelier de tuilier date des IIe
et IIIe
siècles
de notre ère. Ce complexe, remarquable par la
nature de ses éléments et leur organisation
symétrique, illustre la chaîne
opératoire propre à ce type
d’activité, depuis l’extraction de
l’argile jusqu’à la cuisson des
produits. Le noyau autour duquel il s’articule est
constitué par l’espace destiné
à la cuisson des matériaux. Il
s’agit d’une aire rectangulaire de 650 m2,
parallèle à la Meuse, ceinturée par
des fossés de drainage et contenant les deux fours
anciennement fouillés. Cette surface
était protégée des
intempéries par une couverture dont la charpente reposait
sur plusieurs dizaines de poteaux alignés et
disposés à intervalles
réguliers. Distants l’un de
l’autre de près de 7 m, les fours sont
orientés sud-est/nord-ouest et dotés
d’une aire de chauffe individuelle. Parmi les
autres éléments importants du site figurent
quatre constructions de 25 m2,
destinées
peut-être à la mise en forme des tuiles, deux
halles de séchage et de stockage d’au moins 75 m
de long sur 8 m de large, ainsi que des fosses d’extraction
et de multiples fossés. »
Source
: Institutdupatrimoine.be
Deux
tegulae
(tuiles plates à bords relevés) et un fragment d'imbrex (tuile
faitière posée sur les tuiles plates) de cette
époque – coll. BMG
Notes

[1]
Thiois = langue du peuple ; mot utilisé pour
désigner l’ensemble des dialectes
moyen-néerlandais parlés au Moyen
Âge. 
[2]
En héraldique, « sable » est
la couleur noire. 
[2-2]
« Néanderthal », « Neanderthal
» ou très souvent « Neandertal
» (depuis Henri Vallois, en 1952) car le « h
» a disparu lors d'une réforme orthographique de
l'allemand. Dans la nomenclature latine, on écrit toujours Homo neanderthalensis.

[3]
Information sur l'Homme de Néanderthal.

[4]
La
Libre Belgique, quotidien belge, 21 septembre
2006. 
[5]
La carpologie étudie les graines et les fruits
découverts en contexte archéologique. 
Remerciements 
Nos chaleureux remerciements vont à l'asbl Cercle
archéologique Hesbaye-Condroz et, surtout à
- Virginie Delvaux, Paul Renoir †, Georges Plumier
†, Émile Desmet, Jules Feron
†, Victor Dardenne
†, Léon Verdin †,
Cyrille Meunier †, François
Delchambre,
Jean Del Bel Belluz †, Jean Mossoux
†, Robert Streel, Jules Hastir, Marie-Claire Remue et Marc Riga (co-fondateurs de La Traille et membres de la fabrique d'église de Hermalle) de Hermalle-sous-Huy,
- Jean Flagothier de Clermont,
- Lise Dubreucq, Joseph Pannaye †, Marcel Fréson, et Lucien Dardenne
† d'Engis,
- Patrick Hoyoux † d'Amay,
- Jean-Pierre Houet † de Wanze,
- Jacques Berten de Liège,
- Patrice Erler de la Commission historique de Grâce-Hollogne,
- Charles de Potesta †,
- Cédric Visart de Bocarmé,
- les pythies de l'Oracle wikipédien
pour
les documents
qu'ils ont bien voulu nous offrir ou nous prêter, et pour les
informations ou souvenirs qu'ils nous ont confiés.
Étant donné la disparition d'une grande partie
des archives communales dans les années 1980, nous n'aurions
pu, sans leur aide, reconstituer certains
éléments de l'histoire récente du
village.
Nous remercions également madame Cécile Medaets,
du
Centre de documentation ferroviaire de la SNCB, pour les recherches
qu'elle a faites et qui nous ont servi de base pour les paragraphes sur
la ligne 125 et les gares de Hermalle et Engis. 
Il va de soi que nous sommes toujours à la recherche de
documents anciens sur Hermalle.
Contact : info[arobase]hermalle-sous-huy.be
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